Selon la deuxième édition du baromètre annuel de l’Observatoire de la laïcité, ce principe républicain suscite une très large adhésion de la part de la population. 74 % des Français sont attachés à une laïcité qui fait partie de l’identité française pour 78 % des personnes interrogées. Confrontés à une série de propositions, nos concitoyens semblent bien en connaître le sens. À 85 %, ils répondent qu’« être laïque, ce n’est pas être athée » et à 79 %, ils savent que les élèves ne peuvent pas porter à l’école un signe religieux ostensible.
« Pour la deuxième année, cette étude montre une adhésion massive et une connaissance de la laïcité, se félicite Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire. Cela montre que les efforts de pédagogie que l’on fait portent leurs fruits. » La petite équipe de cette institution mise en place sous François Hollande décompte environ 900 interventions sur le terrain depuis six ans, dans toutes les administrations ou auprès de collectivités locales. « Plus les gens ont une vision claire de ce qu’est la laïcité, plus l’adhésion est forte », commente encore Jean-Louis Bianco.
Chute de 9 points chez les 18-24 ans
À ce satisfecit, l’étude apporte toutefois deux nuances. Tout d’abord, elle révèle un décrochage chez les plus jeunes. L’attachement à la laïcité dont témoignaient 70 % des 18-24 ans dans le baromètre 2019 a chuté de 9 points pour se situer à 61 %. Jean-Louis Bianco ne se l’explique pas, mais émet plusieurs hypothèses.
« Les jeunes sont les plus connectés aux réseaux sociaux où les polémiques sont nombreuses sur ces sujets et cela peut brouiller le sens de ce principe. » Ce décrochage interrogera l’Education nationale qui a récemment publié une enquête montrant un fort attachement des élèves à la laïcité. Un sondage publié en janvier mais qui avait été réalisé au printemps 2018, soit avant le baromètre de l’Observatoire.
La deuxième nuance est le décalage qui persiste entre la perception de la laïcité et son application dans la vie quotidienne. Ainsi, au sujet de l’affirmation selon laquelle c’est un principe « qui rassemble », les personnes interrogées sont d’accord à 43 % « en théorie » mais à 19 % seulement « dans la pratique ». De même pour l’affirmation selon laquelle la laïcité protège tout le monde, qui obtient des scores respectifs de 50 % et 32 %.
Un sujet évoqué « à travers la polémique »
Concernant la loi de 1905, près de la moitié des personnes (45 %) souhaite qu’elle ne soit « ni adaptée ni modifiée ». 24 % ne la jugent pas assez stricte et souhaiteraient interdire tout dialogue entre les institutions et les religions, tandis que 10 % estiment qu’il faudrait l’assouplir pour permettre un subventionnement du culte. Les Français ont donc une approche pondérée de la question. Ils sont d’ailleurs une majorité (53 %) à trouver qu’« on ne parle de la laïcité qu’à travers la polémique ».
On notera enfin que les femmes ont une perception moins positive de la laïcité, à la fois en théorie et en pratique, que les hommes. Seules 70 % sont attachées à ce principe contre 79 % chez les hommes. Cet écart ne peut se justifier par le seul poids potentiel des femmes musulmanes : les restrictions et polémiques sur le port du voile sembleraient en effet sensibiliser au-delà de l’appartenance confessionnelle.
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L’université mal notée
Part des Français estimant que les institutions suivantes appliquent bien la laïcité :
L’hôpital public : 56 %
La justice : 53 %
La police : 50 %
Le service public en général : 48 %
L’éducation nationale : 46 %
Les collectivités locales (mairies, département…) : 43 %
L’université publique : 41 %
Source : La Croix
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