Faut-il choisir entre « la mort dans la vie » ou « la vie dans la mort » ?

Le 26 février 2014

Voir l’action « Soulager mais pas tuer »

On ne peut parler de fin de vie sans imaginer celle de l’être sur terre qui compte le plus pour nous. Nous ne parlerons donc pas, dans cet article, des « autres », ces « indéfinis » qui remplissent les statistiques mais plutôt de notre précieux conjoint, enfant ou parent qui pourrait à tout moment être concerné par les décisions qui font l’objet de cette réflexion. Par ailleurs, réfléchir sur ce thème implique d’y penser aussi pour soi. Or, on le sait : « est maître des lieux celui qui les organise » et dans le domaine de la fin de vie, mieux vaut y penser à l’avance.

L’éthique, prophétesse du bien et du mal ?

Avant d’engager de telles réflexions sur la fin de vie, il importe de savoir sur quelles bases nous nous situons et au final, qui parle ? Est-ce au nom de l’éthique que nous réfléchissons ici ? Mais quelle éthique alors ? Car il ne suffit pas de se vêtir d’un nom pour être compétent. Qui est suffisant pour déclarer, sans repères éternels, ce qui est bien et ce qui est mal en ce qui concerne la vie ? Le premier péché de l’homme n’est-il pas lié précisément au fait de vouloir connaître le bien et le mal en dehors de toute dépendance à « ce que Dieu dit » ? Voilà pourquoi il nous faut prendre garde à l’origine de la voix qui nous parle.

Avant de disséquer des sujets aussi brûlants que ceux du suicide assisté, de l’euthanasie ou de l’acharnement thérapeutique, il est nécessaire de savoir quel outil nous tenons effectivement en main pour ouvrir la chair de la réflexion sur ce qui vit. Car parler de la fin de vie, c’est parler du vivant, aussi faible soit-il.  Aussi, toute « éthique » qui voudrait péremptoirement déclarer ce qui est bien et ce qui est mal sans accepter le joug doux et léger de la Parole faite chair, risque d’être une conseillère dangereuse qui, sous couvert de pensées bienfaisantes, nous inoculera le poison pernicieux de l’indépendance vis-à-vis de Dieu, et c’est précisément de cela dont nous devons avant tout guérir.

L’apôtre Jean, témoin patient de la fin de vie du Christ, constate que « les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière », ce qui implique que les paradigmes éthiques ne peuvent résolument pas être les mêmes entre le monde et son Créateur. On est en droit de se demander d’ailleurs si l’éviction des « religieux » du Comité National d’Éthique, fin septembre dernier, ne procède pas d’une volonté de « libération » sociale et sociétale sur les questions de bien et de mal ? L’unanimité étant recherchée pour apaiser « la conscience de l’État », celui-ci ne l’obtiendra qu’en se séparant de conseillers jugés encore trop « dépendants » de « ce que Dieu dit ».

Le sens des mots bouleverse le sens de la vie

Cette mise en garde étant faite, « le tragique de l’action » est bien réel pour celles et ceux qui accompagnent professionnellement les personnes en souffrance. Tôt ou tard, nous devrions, nous aussi, être confrontés à une « décision de fin de vie » : la nôtre ou celle d’un proche et cette décision relèvera bel et bien d’une question de vie ou de mort. La pression familiale ou médicale nous demandera peut-être si nous ne souhaitons pas « abréger les souffrances » de l’être que nous chérissons tant et nous risquons d’être bien seuls pour décider. De plus, pour accentuer cette attente tragique de l’action, l’invitation nous sera certainement faite au nom du « courage », de la « dignité » et parfois même de « l’amour », comme si, au final, ne pas suivre ce conseil déguisé sous forme de proposition, allait faire de nous des personnes pleutres, indignes et égoïstes, marginales à l’égard des codes sociaux. Boire la ciguë d’une décision qui nous coûtera toujours, c’est cela le « tragique de l’action », sauf qu’il « n’y a rien en celui qui aime, qui puisse l’entraîner dans l’erreur ».

Pour le moment, la France résiste à la pression du lobby ADMD qui milite pour « autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie de (…) personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent ». En France, tuer un malade reste encore un crime sur le plan pénal et une interdiction sur le plan médical. Comment d’ailleurs un juge pourrait-il savoir si la demande du malade est pleinement et réellement dépourvue de toute pression extérieure, familiale ou sociétale ? En outre, comme le souligne très justement le Professeur Chardot, comment éviter, « si on dépénalisait la mort donnée sur demande », que les plus faibles « ne se sentent moralement obligés de décharger de leur poids considéré comme inutile, les proches et la société » ?

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Voir également « L’euthanasie, jusqu’où ? », un documentaire exceptionnel sur les dérives de l’euthanasie en Belgique et aux Pays-Bas, dans ces pays « pionniers » dans la légalisation de l’euthanasie et souvent cités comme « modèles ».