Un marché incontestablement lucratif
Pour Françoise Brulliard, cadre supérieure de santé à l’AP-HP, les techniques comme la PMA (procréation médicalement assistée) ou le DPI (Diagnostic pré-implantatoire) « se trouvent aujourd’hui projetées hors du monde médical soignant et sont sommées de répondre à des revendications sociétales de tous ordres. »
Suivant les lois de leur pays d’appartenance, des cliniques et des centres de fertilité sont ouvertes à ces revendications : « FIV (fécondation in vitro), FIV avec donneurs pour parents hétéro – ou homosexuels, DPI, choix du sexe de l’enfant, choix de donneurs et donneuses où se déploient les fantasmes de l’apparence, du niveau intellectuel, de critères religieux ou sociétaux.» La reproduction « normale » est décrite par ces centres de fertilité comme « un mécanisme au rendement décevant, aux résultats souvent imparfaits. »
Ces situations paraissent « éthiquement contestables », mais sont « incontestablement lucratives » : « On estime le marché de la PMA à 12 milliards de dollars par an aux Etats-Unis, et à plusieurs centaines de millions en Inde, marché considéré comme la version « low cost » des pratiques américaines. »
D’un « eugénisme du laisser faire » à une multitude d’embryons dans l’azote liquide
Françoise Brulliard ne cherche pas à éluder la réalité de ces techniques précisant que cette « fabrication d’embryons à partir de toutes sortes de gamètes […] génèrent une multitude d’embryons dont un nombre important reste stocké dans l’azote liquide ». Cela provoque une « suspension du temps », « une éternité technique inédite » explique-t-elle. Ce qui pose de nouveaux problèmes car « la technique et surtout la loi permettra certainement de faire naître un enfant hors de son temps de conception, une ou plusieurs générations après« .
Cette « fabrique des bébés » repose sur ce que le philosophe Philip Kitcher appelle « l’eugénisme du laisser-faire », « un eugénisme libéral, individuel répondant à des impératifs de désirs fantasmagoriques ou de situations sociétales. » Cela provoque une véritable « réification des enfants », qui « s’opère ainsi dans la réalité, mais surtout dans les esprits. »
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