Vaccin contre le Covid19 et secret médical

Le 9 juin 2021

Le fait d’être vacciné fait aujourd’hui l’objet de nombreuses publications sur les réseaux sociaux par esprit de « fierté » ou de prévention. Une attitude qui interroge la limite entre vie privée et secret médical. Pour le philosophe Pierre Dulau, auteur de Faire face avec Martin Steffens, il s’agit même d’une dérive totalitaire. « Il y a dérive totalitaire lorsque les frontières entre le public et le privé, le commandement et l’obéissance, et l’ami et l’ennemi deviennent poreuses », affirme-t-il.

En principe, la divulgation de ces données est encadrée par l’article 226-22 du code pénal qui est interdite sans accès autorisé. « Le secret médical relève de la déontologie », précise Juliette Ferry-Danini, philosophe spécialiste de philosophie de la médecine. « La question du secret médical c’est : qui relaie l’information ? », abonde David Simard, docteur en philosophie de la médecine et de la biologie et membre du collectif Du côté de la science.

Pour Guillaume von der Weid, professeur de philosophie et enseignant à Sciences Po, spécialisé dans les questions de santé, informer de sa vaccination ne rompt pas le secret médical.  « La vaccination témoigne plus du rapport de l’individu à la société que de l’individu à lui-même» En effet, « dire que l’on est vacciné devient une valeur positive, il s’agit d’une information socialement valorisée, car tout le monde veut sortir de la crise sanitaire… et donc inciter les autres à faire la même chose ». « On veut montrer que l’on est un citoyen moralement bon en se vaccinant », acquiesce Juliette Ferry-Danini.

Débarrasser la vie de tout risque ?

De son côté, Pierre Dulau n’analyse pas ce comportement de manière positive. « La prudence correspond, selon Aristote, au courage dans l’action, rappelle-t-il. Or là, les mesures s’appuient toutes sur la peur ». Pour le philosophe, la technicisation « entend débarrasser la vie de ce qui en elle pourrait constituer un risque. C’est un fantasme de maîtrise qui la gouverne ». Et « la vie n’est plus alors conçue que comme un bien qu’on doit pouvoir produire, conserver à tout prix et qu’il faut mettre en sûreté ». Mais « c’est là prendre le risque de croire qu’une vie heureuse est une vie d’immunité ». Une croyance « que l’on grave dans le marbre avec l’adoption du pass sanitaire », juge-t-il.

David Simard rappelle que : « sur le plan historique, cette notion de pass sanitaire a été instaurée dans le cadre de l’exercice du contrôle de l’État sur les populations ». Et interroge : « Ce type de dispositif est-il acceptable dans un état de droit, protège-t-il le secret médical ? » (cf. Le passeport vaccinal, entrave aux libertés publiques ?). Une question qui se pose différemment en fonction des contextes culturels. « Le principe de la confidentialité de nos données médicales est une valeur morale très importante en Occident, mais elle l’est moins dans certains pays, comme la Chine », rappelle Juliette Ferry-Danini.

Sources : Généthique

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