Transition de genre : que fait l’école ?

Le 4 mars 2021

En France le phénomène explose. Le nombre de médecins qui ouvrent des consultations de trans-identité aussi. C’est même devenu un véritable « phénomène médiatique », entre « émancipation » et « effet de mode ». Depuis cinq ans, un professeur de sport observe chez ses élèves « un volontaire brouillage des codes » : « des garçons qui portent une jupe sur leur jean, des filles aux tenues unisexes… » Des choses qui, au début, relevaient selon lui de « l’excentricité adolescente ». Mais depuis deux ans, « des élèves plus militants, en lien avec les groupes LGBT, ont commencé à se revendiquer “non binaires” ».

« Dans ma pratique, en France, je n’avais eu qu’une seule demande de ce type en 15 ans », raconte quant à lui le Dr Chambry, l’un des premiers à avoir ouvert une consultation de « dysphorie de genre »[1]. Au début, il recevait une dizaine de jeunes par an. Aujourd’hui il en reçoit dix par mois, avec une liste d’attente de dix-huit mois. 200 jeunes de 12 à 20 ans sont suivis chaque mois au Centre Intersectoriel d’Accueil pour Adolescents (Ciapa), 500 autres consultent également à l’Hôpital Robert Debré et à la Pitié Salpêtrière. « Cela a commencé à flamber depuis cinq ans. Aujourd’hui, nous sommes débordés », témoigne le pédopsychiatre.

Lors de ces consultations, les petits patients – moyenne d’âge 14 ans- se voient d’abord proposer des bloqueurs de puberté, un traitement réversible prescrit à partir de 10 ans. Puis à 15 ans, ils commencent un traitement hormonal, « pour développer les caractères sexuels secondaires (comme la pilosité) du sexe choisi ». Enfin, à partir de la majorité, des chirurgiens s’occupent des opérations génitales.

Ce type de consultation est loin de faire l’unanimité. Le documentaire « Petite fille », diffusé fin novembre sur Arte n’est qu’un « film de propagande » pour Céline Masson, psychanalyste qui a co-signé début janvier une tribune dans Marianne (cf. Enfants transgenres : il faut espérer que l’expérience de Keira Bell éclairera Sasha (Olivia Sarton)). Des parents reconnaissent l’ « embrigadement de leurs enfants » par les réseaux sociaux. « Les progrès incontestables de la médecine de ces vingt dernières années, et en particulier l’endocrinologie et la chirurgie plastique, ont rendu possible des “transformations” corporelles qui ont permis à des hommes de devenir des femmes et inversement, du moins en apparence , (mais) l’humain est contraint, il ne peut pas tout » souligne la tribune (cf. Dysphorie de genre : « primum non nocere »). Pour Céline Masson cette tendance est le fruit « de notre société droits-de-l’hommiste, du libéralisme à outrance, de la revendication “c’est mon corps”», déplorant « une emprise par des militants de l’extrême, qui rejettent la psychanalyse ».

Au Royaume-Uni, le témoignage poignant de Keira Bell a fait basculer les juges. Figure de proue de ceux qu’on appelle les « détransitionneurs », elle regrette aujourd’hui ses opérations de changement de sexe et décrit son traitement comme une « expérience dévastatrice ». Les juges britanniques « ont donné un coup d’arrêt » aux traitements bloqueurs de puberté pour les enfantsDonnant raison à Keira Bell contre la clinique londonienne Tavistock and Portman NHS Trust, spécialisée dans la transition de genre, ils ont statué qu’avant 13 ans il est « hautement improbable qu’un enfant soit compétent pour consentir à l’administration d’inhibiteurs de puberté », et qu’avant 16 ans, ils ne peuvent prendre ce traitement que s’ils en comprennent les conséquences « immédiates et à long terme » (cf. La justice britannique recommande l’arrêt des transitions de genre avant 16 ans).

En Ardèche, un professeur de sport s’interroge : sa direction a exigé qu’il appelle Sarah « Paul », mais « Paul » doit continuer à utiliser les vestiaires des filles. C’est « schizophrénique et questionnant, estime l’enseignant. En n’interrogeant pas ce type de démarche, ne passe-t-on pas à côté de ce que ressent l’élève? N’est-ce pas une diversion face à des sujets qui touchent durement la jeunesse. (…) L’institution doit rester ferme sur ses bases et garder sa neutralité ». Sommé de se positionner, le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a décidé de réunir fin janvier un groupe de travail sur la transidentité. « On a vraiment besoin d’une formation » avait plaidé la rectrice de l’Académie de Lille en décembre dernier, après le suicide d’Avril, une adolescente transgenre. Le Collectif éducation contre les LGBTIphobies en milieu scolaire réclame « un document officiel », une circulaire, pour « graver dans le marbre ». Pour le moment, le ministère s’y refuse, promettant un simple guide, attendu au printemps.

[1] Nouveau terme médical « récemment entré dans le manuel de l’association américaine de psychiatrie (APA) pour décrire la détresse de la personne transgenre face à un sentiment d’inadéquation entre son sexe assigné à la naissance et son identité de genre ».

Sources : Le Figaro (26/01/2021), Généthique

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