L’heure de la grande réinitialisation « Great Reset » est-elle arrivée ?

Le 2 décembre 2020

La pandémie de Coronavirus nous a montré à quel point notre système économique mondial est arrivé à ses limites. Explosion de la pauvreté et des inégalités, augmentation exponentielle du chômage et de la dette, destruction du climat et de la biodiversité, autant de dégâts que le modèle actuel fait subir à notre planète. Le sommet 2021 du World Economic Forum a pour thème le « Great Reset », un reboot complet du système actuel mondial en concertation avec les grandes entreprises, les chefs d’États, les banques centrales et le FMI afin de construire les bases du monde de demain.

Fort de ce constat, dans une déclaration le 3 juin 2020, le World Economic Forum plus connu sous le nom de Forum de Davos a lancé un appel à tous les dirigeants du monde pour leur 51 ème réunion afin de penser le monde d’après sans faire les mêmes erreurs que ces dernières décennies. Lors de cet appel du 3 juin qui réunissait entre autres le Prince de Galles et la directrice du FMI, le président et fondateur Klaus Schwab a déclaré « le sommet se tiendra à la fois en présentiel et virtuellement, et mettra en relation les principaux dirigeants gouvernementaux et les chefs d’entreprises à Davos avec un réseau mondial de participants présents dans 400 villes du monde entier pour un dialogue tourné vers l’avenir et animé par la jeune génération ».  C’est lors de cette réunion virtuelle que Son Altesse Royale le Prince de Galles a annoncé la Grande Réinitialisation ou Great Reset en anglais.

Selon Klaus Schwab, cette grande réinitialisation est un enjeu majeur et un engagement à construire urgemment les nouvelles bases de notre système économique et social pour un avenir plus juste, plus durable et plus résistant. Leur principale préoccupation est l’écologie, le Prince de Galles est connu de tout le monde pour incarner cette envie de changer notre façon de voir le monde et de consommer pour rendre les populations plus résilientes et conscientes des effets néfastes du modèle économique actuel sur l’environnement. Selon lui, « afin d’assurer notre avenir et de prospérer, nous devons faire évoluer notre modèle économique et placer les humains et la planète au cœur d’une création de valeur mondiale. S’il y a une leçon essentielle à tirer de cette crise, c’est que nous devons placer la nature au cœur de notre mode de fonctionnement. Nous ne pouvons tout simplement pas perdre plus de temps ». Et Klaus Schwab de poursuivre « Nous n’avons qu’une seule planète et nous savons que le changement climatique pourrait être la prochaine catastrophe mondiale ayant des conséquences encore plus dramatiques pour l’humanité. Nous devons décarboniser l’économie dans la courte fenêtre d’action qui nous reste et mettre à nouveau notre pensée et notre comportement en harmonie avec la nature. » 

Klaus Schwab © World Economic ForumKlaus Schwab © World Economic Forum

Les limites à la croissance

Ces paroles font penser au rapport Meadows rendu au Club de Rome en 1972 The limits to growth qui soulignait déjà le fait que la croissance exponentielle et sans limites n’est pas possible dans notre monde qui lui est fini. Pour ces scientifiques du MIT, notre système est si complexe que la moindre variation entraîne par un effet domino des conséquences dans les autres parties du système. Les effondrements ont plusieurs causes un exemple permis d’autres suggère que les ressources disponibles s’épuisent du fait de l’augmentation de la consommation et de la population, la nourriture par habitant connaîtra un pic et s’effondrera une fois que toutes les terres arables seront cultivées ce qui précipitera aussi la déforestation et les puits de carbone que sont les forêts, cette surcharge de pollution acidifiera les océans qui ne seront plus à même de convertir CO2 et qui perdront une partie de leur faune et de leur flore. Tous ces effondrements dégraderont significativement le bien-être humain et l’espérance de vie.

Le Secrétaire Général des Nations Unies a lui aussi déclaré à la suite des premières mesures pour endiguer le Coronavirus « La Grande Réinitialisation est la confirmation que nous devons considérer cette tragédie humaine comme un signal d’alarme. Nous devons construire des économies et des sociétés plus égales, plus inclusives et plus durables, qui soient plus résistantes face aux pandémies, au changement climatique et aux nombreux autres défis auxquels nous sommes confrontés au niveau global. »

La réinitialisation à l’air d’avoir commencé dans les hautes sphères de la finance en ce qui concerne les investissement dans les grands groupes pétrolier, il a commencé sa mutation avec l’annonce de certains désinvestissements dans le secteur des extractions d’énergie fossile. Quant aux toutes puissantes industries du numériques, elles suivent le mouvement. Ainsi, Google a annoncé qu’il ne développera plus d’outils d’intelligence artificielle (IA) au service de l’extraction du pétrole et du gaz. Ce secteur est l’enjeu de batailles titanesques entre groupes super puissants. Le monde pétrolifère se divise entre tenants d’une reprise et d’une croissance du secteur fossile avec en tête une des multinationales les plus critiquables, l’américain ExxonMobil, et les pétroliers européens qui évoluent vers une transition énergétique. Au cours de la récente A.G. de Total, il a été déclaré que « En tant qu’entreprise européenne, Total soutiendra activement les politiques de neutralité carbone, y compris les politiques de tarifications du carbone. »

Il s’agira de ralentir les activités humaines, un avant-goût nous a été imposé cette année avec le Covid-19. En effet, pour respecter les Accords de Paris, il nous faut réduire de 5% nos émissions de gaz à effet de serre tous les ans jusqu’en 2050, et c’est précisément ce qu’a engendré le premier confinement. Pour rester dans les clous, il faut donc réduire nos activités dans le même ordre de grandeur tous les ans. Le problème est que 5% d’émission en moins équivaut à 4 à 5% de contraction du PIB même en y intégrant une part d’efficacité énergétique. Fini la croissance et l’abondance, place a la consommation raisonnée et à un effort commun, mais quel Parti acceptera de brader cette religion pour aborder la vie et la nature différemment. Pour réaliser la transition écologique, la France doit donc entrer en récession programmée, voilà le nerf de la guerre qui pousse l’homme des hommes de Davos à repenser entièrement notre système. Reste à savoir quel est le nouveau modèle proposé.

Source : Mediapart

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