Qui ne s’est pas demandé un jour s’il n’irait pas en douce regarder ce que fabrique son enfant sur les réseaux sociaux ? Sachant qu’il y a une grande marge – à ne pas franchir – entre jeter un œil par-dessus son épaule en lui disant : « Tout se passe bien pour toi ? » et contacter, la nuit, le FBI pour apprendre à pirater son compte en vue d’un espionnage numérique. Ou tout simplement se faire passer pour un faux ami, histoire de voir qui dit quoi et avec qui… histoire de vérifier.
Laisser l’enfant exercer sa liberté
On aimerait tout savoir pour se rassurer. Mais il est nécessaire de faire preuve de confiance. Or, la confiance se décrète. Elle n’abolit ni le doute, ni l’inquiétude. En revanche, elle met fin à la mauvaise curiosité, elle libère la pensée et l’action.
Il est apparemment plus simple de ne pas faire confiance et de brider toute initiative, de tout surveiller et de garder sous contrôle : on ne prend aucun risque. En réalité, on engendre un risque immense : affaiblir l’autre dans l’usage de sa liberté sous prétexte de la préserver. La liberté ne se constitue pas abstraitement, mais dans les actes. Celui qui ne choisit jamais rien, soit par faiblesse du vouloir, soit par empêchement extérieur, voit sa liberté s’affaiblir de jour en jour, en sorte qu’au moment où la possibilité lui sera donnée de choisir, il se trouvera dans l’incapacité de se déterminer de lui-même, de s’engager.
Faire confiance suppose alors que l’on renonce à tout vérifier, y compris lorsque l’on a la possibilité de vérifier. Sinon, à quoi bon faire confiance ? La confiance accordée nous oblige à renoncer à l’illusion de la toute-puissance, de la maîtrise absolue, elle humanise celui qui la donne. Faire confiance, c’est paradoxalement accepter de reconnaître sa propre vulnérabilité. D’où l’immense cadeau qui est fait à celui qui la reçoit : ce cadeau précieux doit être reçu avec reconnaissance et entretenu avec soin.
Une confiance aimante et raisonnable
Enfin, celui qui fait confiance le décide, le décrète, tout en ayant avec intelligence intégré la part d’incertitude. Cet acte de la volonté doit alors s’appuyer comme tel sur la raison : est-il raisonnable d’accorder à celui qui m’est confié la part de liberté qu’il réclame ? Une confiance aveugle ou irrationnelle est en réalité une démission.
Avec nos enfants, l’étendue de notre confiance doit avoir pour mesure la capacité qu’ils ont à faire usage de leur liberté sans se mettre en danger, car notre rôle est bien de les protéger. À nous de toujours leur expliquer les raisons qui fondent notre confiance, pour qu’ils sentent que cette confiance n’est pas une décision arbitraire. Mais à nous aussi de leur dire que la confiance est un lien vivant, qui doit donc être nourri.
Confions-les alors par-dessus tout à Celui qui est l’auteur de leur liberté, qui nous estime au point de les remettre entre nos mains, et qui veille sur eux.
Source : Aleteia
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