Coronavirus : le rassemblement de Mulhouse n’est pas responsable de l’apparition du virus en Alsace

Le 22 avril 2020

Dans un manifeste de cinq pages intitulés « de la responsabilité en contexte pandémique »le docteur Jonathan Peterschmitt veut répondre aux nombreuses mises en cause de l’église Porte ouverte chrétienne dont il est membre. « Aujourd’hui, la solidarité nécessaire à la gestion de la crise actuelle ne nous impose pas un silence béat face à des déclarations injustes. » Un rassemblement évangélique a réuni des centaines de personnes à Mulhouse entre le 17 et le 21 février. Et ce rassemblement a souvent été mis en avant pour expliquer la propagation du coronavirus, déplore le médecin alsacien.

Le coronavirus bien présent en Alsace avant le rassemblement évangélique

Il souligne que « entre la mi-janvier et la mi février des cas de virose et pneumopathies atypiques, qui ne donneraient aujourd’hui aucun doute clinique, circulaient dans la région (…) et qu’une épidémie « grippale » inhabituelle circulait dans les milieux scolaires du secteur augmentant l’absentéisme de manière très nette. » Pour le docteur Jonathan Peterschmitt, les choses sont claires : le coronavirus était déjà bien présent en Alsace avant le rassemblement évangélique, et il n’y a aucune raison de mettre en avant un groupe de personnes, une ville dans la diffusion de la maladie.

Le médecin haut-rhinois estime qu’on a voulu faire porter le chapeau à ce rassemblement pour détourner l’attention des vraies questions. « En tant que participant à la rencontre du 17 au 21 février dernier organisée par mon église, je demande pourquoi suis-je doublement atteint ? Atteint physiquement et dans mon entourage, par la maladie et la mort sans avoir une chance de me préparer. Atteint dans mon intégrité morale étant comme beaucoup d’autres désigné « responsable involontaire » qui fait lourdement écho à l’accusation d’ « homicide involontaire ». Quid des autres rassemblements ayant eu lieu à cette époque si le virus circulait déjà? »

En tant que médecin, le docteur Petterschmitt se demande aussi pourquoi il n’a pas été préparé à l’arrivée du coronavirus. « Pourquoi n’ai-je pas eu les moyens de détecter la maladie avant son arrivée? Pourquoi les alertes sanitaires n’évoquaient-elles que la possibilité de cas importés d’Asie ne permettant pas de faire de lien avec les malades autochtones ? « 

Nous sommes en train de payer, en vie humaines, la facture de 30 années de démantèlement sanitaire local et national » – Jonathan Peterschmitt

Ce médecin alsacien se penche aussi sur la morbidité en Allemagne voisine, bien plus faible qu’en France. Et selon lui, la réponse n’est pas à chercher du côté du rassemblement évangélique. « La différence se trouve peut-être, au moins en partie, dans la différence de prise en charge des malades. La médecine de terrain est sinistrée (…). L’hôpital de Mulhouse, ses urgences en particulier, sont à genoux depuis plusieurs mois et c’est sur ce terrain particulier que survient la première vague épidémique. Les hôpitaux périphériques (Thann, Altkirch) sont fortement affaiblis et leur capacité de prise en charge très diminuées. Nous sommes en train de payer, en vie humaines, la virulence de ce coronavirus, mais aussi et surtout la facture de 30 années de démantèlement sanitaire local et national bien ancré dans la philosophie politique et administrative. »

Jonathan Petterschmitt termine son manifeste sur des pistes d’espoir pour les semaines, les mois à venir : « que la réalité de l’épidémie avant, pendant et après le rassemblement de la Porte Ouverte Chrétienne de Mulhouse soit mise en lumière, que nous, Mulhousiens, Alsaciens, ne soyons pas assimilés à la maladie (…), que nous, soignants, ayons demain les moyens de faire sereinement et efficacement le travail pour lequel nous sommes applaudis actuellement. »

Source : France Bleue Haut-Rhin

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Télécharger le manifeste du docteur Jonathan Petterschmitt (PDF)

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