Noël, nous le savons bien, ce n’est pas le Père Noël. Et ce personnage plutôt sympathique devient encombrant et redoutable lorsqu’il masque la réalité du mystère de Noël. Les parents chrétiens se posent donc bien des questions au sujet du Père Noël : quelle place lui donner au sein de la famille ? D’une manière générale, disons qu’on ne doit jamais mentir à un enfant. Il y a une grande différence entre le laisser croire à une légende en « jouant le jeu » et s’empêtrer dans des mensonges quand l’enfant commence à avoir des soupçons.
Autrement dit, un enfant peut très bien se raconter des histoires — à propos du Père Noël ou de toute autre chose (un ami imaginaire par exemple) — et aimer en parler avec ses parents comme si c’était vrai, tout en sachant au fond de lui que c’est un jeu. Mais quand il pose une question directe parce qu’il veut savoir la vérité, il mérite de la connaître. Sinon, le jour où il la découvrira, il comprendra en même temps que ses parents lui mentaient et qu’il ne peut pas leur faire confiance.
En ce qui concerne Noël, si on cherche à démontrer l’existence du Père Noël en échafaudant mille mensonges, le jour où l’enfant comprendra la vérité, il risque de rejeter, en même temps que le Père Noël, tout le reste : l’Enfant de la crèche et la Bonne Nouvelle qu’il vient nous apporter. Si on parle du Père Noël et de Jésus avec la même force de persuasion, pourquoi l’enfant, ne croyant plus en l’un, croirait-il encore en l’autre ?
Ne jamais oublier le vrai sens de Noël
Si sympathique et amusant que soit le Père Noël, il ne doit en aucun cas occulter ou amoindrir la vérité de Noël. Il est donc capital de toujours recentrer les enfants sur la crèche : Noël, c’est là que ça se passe. Tout ce que nous vivons à Noël, y compris les cadeaux, n’a de sens que par la crèche. C’est parce que Dieu s’est fait homme que nous sommes heureux, c’est parce qu’Il est venu nous appeler à aimer que nous échangeons des cadeaux, signes de cet amour partagé. Il faut le dire et le redire aux enfants.
Il faut qu’ils puissent le vivre très concrètement en préparant des cadeaux, en allant rendre visite à une personne isolée pour partager avec elle la joie de Noël, en envoyant des cartes de Noël pour apporter la chaleur de leur affection à ceux qui sont loin, en choisissant quelques-uns de leurs jouets pour donner à des enfants démunis, en se préparant spirituellement — par la prière, l’esprit de pauvreté et de partage — à accueillir Jésus.
Ne jamais parler sur le même registre du Père Noël et de Jésus
« Supprimer le Père Noël ? Pas question ! Ce serait supprimer une part de rêve essentielle pour nos enfants », objectent certains parents. D’autres ajoutent : « Ne pas les faire croire au Père Noël, ce serait les marginaliser car ils en entendent parler partout, notamment à l’école. » Ce dernier argument est plus que contestable : il prend le problème à l’envers. Ce serait un comble, en effet, que ce soit la légende qui prenne le pas sur la réalité, sous prétexte que la majorité adhère à l’une plutôt qu’à l’autre. Il nous appartient, à nous chrétiens, de renverser les choses pour que partout, ce soit la crèche qui soit au centre de la fête de Noël. Que l’on soit chrétien ou non, on ne peut nier le fait historique de la naissance de Jésus ni la signification première de Noël.
Quant à l’argument de la part de rêve si importante pour les enfants, il est tellement vrai que bien des enfants, dont les parents ont toujours nié l’existence du Père Noël, jouent à y croire et en parlent « comme si » c’était vrai. On peut très bien entrer dans leur jeu, à la seule condition de veiller à ne jamais parler sur le même registre du Père Noël et de Jésus. Car l’Évangile, ce n’est pas un jeu, ce n’est pas « comme si ». L’histoire vraie de l’amour de Dieu pour nous n’est-elle pas infiniment plus belle que toutes les légendes ?
Christine Ponsard
Source : Aleteia