Vincent Lambert est mort. La nouvelle est tombée ce jeudi matin. Ces derniers jours, la question s’imposait au saut du lit : est-il encore vivant ? Malgré la détermination de ses parents, de ceux qui l’entouraient, rien n’a pu sauver cet homme vivant, grand handicapé, qu’aucune machine ne maintenait en vie ; cet homme qui tournait la tête quand on l’appelait, qui vivait sous clé dans un hôpital et qu’un médecin a fini par laisser mourir de faim sous sédation, pour épargner aux vivants, le spectacle d’une trop cruelle agonie.
Qu’avait-il fait pour mériter une mort qu’avec l’abolition de la peine capitale, on se défend d’éviter aux plus terribles de nos criminels ? La maladie, la fragilité, la vulnérabilité sont-ils devenu des délits ?
Quels que soient les arguments des avocats, l’acharnement qui a été mis, contre toute raison, à débouter les recours, à annihiler la justice, laisse interdit. Jusqu’à ce que le gouvernement lui-même se dévoile en saisissant la Cour de cassation contre la Cour d’appel de Paris, faisant fi de ses propres engagements, de son propre droit, de ses propres lois.
L’heure est désormais à la peine. Finalement une peine d’Etat puisque la France, dans cet acte posé contre les demandes suspensives du Comité international des droits des personnes handicapées de l’ONU, abdique des droits de l’homme. Elle sait qu’elle sera condamnée, mais n’en a cure.
Vincent Lambert n’est qu’une étape. Emblématique certes, mais une étape. Avec sa mort, nous revenons aux heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité avec un mélange d’insouciance et de déraison. Eugénisme, euthanasie, les mots qui fâchent, qu’on brandit désormais comme des trophées, des victoires, les enveloppant d’une liberté vidée de son sens, d’une volonté devenue folle. Si la valeur d’un homme ne se mesure plus qu’à son capital d’utilité et non plus d’humanité, la pente douce ne sera que plus violente. Qu’allons-nous devenir ?
Source : Généthique
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Vincent Lambert est mort
« C’est la mort dans l’âme que nous vous annonçons le rappel à Dieu de notre cher Vincent ». Ce matin, Vincent Lambert est décédé au CHU de Reims, à 8H24, comme l’a annoncé son demi-frère David Philippon, après avoir été privé de nourriture et d’eau pendant neuf jours.
Près de 1 500 personnes s’étaient rassemblées hier soir sur la place Saint Sulpice à Paris, pour prier et dénoncer la décision de mettre fin à la vie de Vincent Lambert. « Aimer n’est pas tuer » était-il inscrit sur une banderole. Ayant pris la parole, Me Jérôme Triomphe a déclaré : « Tu n’es qu’un symbole pour faire avancer le débat sur l’euthanasie », donc « tu dois mourir au nom de la loi, maintenant c’est fini ». « Ce soir nous sommes malheureux mais le coeur en paix », a-t-il poursuivi, avant d’ajouter, ému : « Adieu Vincent, nous ne t’oublions pas ». Me Jean Paillot a ajouté que « la longue bataille juridique se termine aujourd’hui par une régression dramatique des droits ». « Vincent est un agneau qu’on mène à l’abattoir mais Vincent n’est pas une affaire, c’est un être humain », ont écrit ses parents, au chevet de leur fils. « C’est une personne handicapée qu’on est en train de tuer » s’est indignée Christine Pellen, une ingénieure de 38 ans, venue se recueillir et soutenir les proches de Vincent Lambert.
Sur twitter, le Pape François a appelé à prier « pour les malades abandonnés et qu’on laisse mourir. Une société est humaine si elle protège la vie, chaque vie, de son début jusqu’à sa fin naturelle, sans choisir qui est digne ou non de vivre. Que les médecins servent la vie, qu’ils ne la suppriment pas ». La Conférence des évêques de France (CEF) a à son tour réagi ce matin en regrettant que Vincent Lambert ait été considéré comme en fin de vie. « La notion d’acharnement thérapeutique souvent citée n’a pas lieu d’être ici, sauf à considérer que l’alimentation par sonde est un traitement démesuré ! » a déclaré Thierry Magnin, secrétaire général et nouveau porte-parole de la CEF.