Pour Sylviane Agacinski, la vie de tous est menacée lorsqu’elle est convertie en ‘ressource’ et en ‘capital humain’ ». A l’heure de la confusion des sexes, la philosophe rappelle que l’identité gay ou lesbienne, bisexuelle, transsexuelle ou transgenre ne peut « ni effacer ni remplacer la distinction de sexe. Elles la confirment au contraire, car il n’y aurait aucun sens à se dire bisexuel, par exemple, s’il n’y avait pas au moins deux sexes ». Elle poursuit : « Le désir de déterminer soi-même son genre traduit (…) une volonté d’échapper aux limites de notre condition humaine : celle d’un être charnel et vivant, auquel le sexe et la mort signifient sa finitude ».
A propos de la polémique autour des « parent 1 » et « parent 2 », elle explique que « les philosophes aiment dire, avec Hegel, que ‘c’est dans les mots que nous pensons’. Mais les mots ont le pouvoir ambigu de montrer le réel – ou de le dissimuler. La distinction lexicale entre père et mère tient au fait que l’un ne peut se substituer à l’autre, car leurs rôles ne sont pas équivalents ». Et dans le réel, « deux parents du même sexe, cela ne suffit pas, en tout cas pas pour faire un enfant. Il faut la participation d’une troisième personne, ce que j’appelle un tiers-corps ». Précisant qu’ « en Californie, ce corps humain parcellisé est devenu une ressource biologique disponible sur le marché ».
.