À 36 ans, Joël Thibault est pasteur évangélique, marié et père de quatre enfants. Quand il était plus jeune, sa vie était entièrement tournée vers le sport. Le football était son « dieu ». À 19 ans, il comprend qu’il ne trouvera pas dans le ballon rond l’idéal qu’il cherche. Son aventure avec le Christ démarre. Il refuse un poste d’entraîneur rémunéré dans son club de la banlieue angevine et commence un cheminement dans l’Église évangélique que fréquentent ses parents. Au sein d’une association protestante, il réfléchit sur le lien entre le sport et la foi. « Je considère aujourd’hui les aptitudes sportives comme un don de Dieu, un talent que je dois faire fructifier pour L’honorer », confie-t-il.
Quelles questions vous posent les sportifs que vous accompagnez ?
Cela varie beaucoup. Certains me demandent comment gérer le stress d’une compétition. D’autres comment devenir chrétien. D’autres encore, qui sont déjà chrétiens, me demandent comment ils peuvent rendre gloire à Dieu à travers le foot. Certains s’interrogent sur la manière de rester intègre dans ce monde, car les pressions sont nombreuses. « Plus tu es pourri dans ce milieu, plus tu perces », me confient certains joueurs. Cela peut être décourageant.
Une autre question revient fréquemment : « Peut-on prier pour gagner ? » Je leur dis aujourd’hui que Dieu peut accorder des victoires si cela Lui rend gloire. C’est dans cet esprit que le Brésil a gagné la Coupe du monde en 1994 et en 2002. Mais il faut faire attention à ne pas instrumentaliser la prière. Il faut accepter aussi que Dieu ne réponde pas à notre demande de victoire et que le joueur puisse Lui rendre gloire d’une autre manière.
Quelles difficultés un sportif de haut niveau peut-il traverser dans sa foi ?
Même au plus haut de son art, le sportif se rend compte qu’il a une fragilité. La plus grande des victoires ne peut pas remplacer le vide dans notre cœur. Comme l’écrivait Blaise Pascal, « il y a dans le cœur de l’homme un vide en forme de Dieu ». Souvent, c’est la blessure qui lui rappelle sa vulnérabilité. Ce sont des moments très difficiles de solitude, parfois de dépression.
Il y a souvent un écart important entre un joueur qui remercie Dieu après un but et celui qui est un fervent chrétien. Joël Thibault
Il existe une réelle omerta sur la dépression dans le football. Un joueur n’a pas le droit de dire qu’il ne va pas bien. On l’a construit comme un demi-dieu, il doit donc forcément être parfait et dégager une certaine virilité. Il y a une telle pression du public, mais aussi de la famille. C’est seulement maintenant qu’un champion du monde 1998 comme Emmanuel Petit parle publiquement du fait qu’il a joué pendant plusieurs années en souffrant de dépression sans pouvoir se confier. Les clubs de football et de rugby anglais ont pris les devants en mettant à disposition des joueurs et entraîneurs des aumôniers qui sont à leur écoute.
Un certain nombre de joueurs, comme Olivier Giroud, n’hésitent pas à dévoiler leur foi au grand jour dans les médias. Qu’en pensez-vous ?
C’est toujours encourageant de voir de grands joueurs parler ouvertement de Jésus, surtout quand c’est récurrent et qu’ils nous expliquent vraiment leur cheminement spirituel. Mais il faut faire attention avec les réflexes de journalistes qui présentent tel ou tel joueur comme un grand chrétien. Il y a souvent un écart important entre un joueur qui remercie Dieu après un but et celui qui est un fervent chrétien. Il y a aussi un phénomène de mode quant à l’affichage de sa foi. Derrière, il y a souvent un décalage entre le mode de vie et la connaissance biblique. Ce ne sont que des hommes faillibles.
La difficulté de l’Évangile, c’est qu’il doit se vivre, sinon ce ne sont que des belles paroles. L’Évangile doit nous transformer. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas en parler. Je constate que les médias chrétiens font l’erreur de placer le joueur sur un piédestal, ce qui l’expose à une grosse pression qu’il n’est pas toujours capable de supporter. Je préfère avoir des joueurs qui prient dans un vestiaire que sur la pelouse. Mais c’est intéressant de noter qu’ils ont besoin de cela pour se concentrer, s’encourager, et même pour s’unir.
Source : Famille Chrétienne
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