Classement des Juifs de la promotion
L’année a commencé avec des « blagues récurrentes ». Seuls visés : « les Juifs »,raconte Rose, au micro de la station. « Dès le début, j’ai expliqué que ça me blessait« , raconte-t-elle alors. Mais au fil des jours, celles-ci ont laissé place à des « saluts hitlériens », avant qu’un « jeu » ne soit inventé, le « freespa ». A savoir, un « lancer de kippa »…
Blessée et indignée, celle-ci s’éloigne de ses camarades. Ce qui ne manquera pas de provoquer la colère de certains d’entre eux, mais aussi un certain acharnement qu’elle dénonce aujourd’hui. Sur un groupe de conversation Facebook, dont le but est d’organiser le week-end d’intégration 2019, le nom de Rose revient sans cesse, toujours frappé d’insultes antisémites. Celle-ci sera d’ailleurs privée de filleul – une tradition entre étudiants de première et deuxième année – en guise de sanction.
C’est alors que les évènements prennent un tour encore plus abject. Ses camarades proposent de baptiser le week-end d’intégration de plusieurs manières : « Auschwitz 2019 » ou encore « Rafle 2019 ». Avec comme thème « beau Juif et boboche » ou bien « les nazis contre les Juifs ». Des propositions complétées d’une « photo d’un étudiant juif brûlant dans les flammes », explique Rose à Europe 1.
De plus, certains se sont ensuite lancés dans un « classement des étudiants juifs de la promotion », avec des commentaires douteux : « Juif niveau 31, impliqué mais capacité à traîner avec des goyes », « Juive niveau 75, prestige 4, prête à tout pour sa communauté », « Niveau 2, il sait qu’il y a une fête qui s’appelle Shabbat ».
« Cancer » de la classe
Choquée, l’étudiante décide alors de déposer une plainte et d’en avertir sa faculté, désirant « dénoncer cette banalisation de l’antisémitisme ». Les huit élèves mis en cause, convoqués par le vice-président de l’établissement, plaident « l’humour ». D’après les informations d’Europe 1, la direction a saisi la commission de discipline mais aussi directement le procureur de la République au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale.
Si l’organisation du week-end d’intégration 2019 est pour l’instant suspendue, Rose regrette d’être plus que jamais « isolée », traitée désormais de« traître » et de « cancer de la promotion » par ses voisins de classe. « Je demande seulement de pouvoir étudier dans des conditions sereines », confie-t-elle, pressée de voir ces évènements derrière elle.
Source : Marianne
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