Rafales, blindés de combat, systèmes embarqués, drones armés, équipements de guerre… Du lundi 11 au vendredi 15 juin, le salon bisannuel international de Défense et de Sécurité terrestres et aéroterrestres, Eurosatory, rassemble au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis) des centaines de chercheurs et de membres de délégations officielles – y compris de pays controversés –, venus rencontrer les grands industriels de l’armement.
Sous la houlette de l’association Stop fuelling war (Cessez d’alimenter la guerre), créée l’an dernier par des quakers, plusieurs militants chrétiens pour la paix – mennonites, quakers français et de plusieurs pays européens… – s’y mobilisent pour dénoncer la fabrication et la commercialisation des armes dans le monde. En sensibilisant ses visiteurs, ils appellent à la fermeture du salon.
Défendre une autre vision sécuritaire
« Notre but, c’est de contrer la normalisation du commerce de l’armement et de défendre une autre vision sécuritaire mondiale, qui aborde plutôt les causes sous-jacentes des conflits », souligne Holly Spencer, coordinatrice de « Stop fuelling war ».
« Nous espérons faire prendre conscience aux participants du salon que la France, troisième exportatrice mondiale derrière les États-Unis et la Russie, continue de vendre des armes à des pays qui bafouent les droits humains », poursuit la jeune quaker anglaise, en citant notamment la signature de contrats passés avec « l’Arabie saoudite, l’Égypte ou les Émirats Arabes Unis », engagés sur le théâtre yéménite, où se joue « l’une des plus graves crises humanitaires actuelles ».
Consolidation de la paix
Festivités publiques dans Paris avec des groupes de musique, ateliers singeant une fausse vente aux enchères d’armes, distribution de tracts de sensibilisation à la sortie du RER de Villepinte, marche silencieuse « pour la paix » sous les fenêtres des organisateurs d’Eurosatory… Du samedi 9 au vendredi 15 juin, l’association Stop fuelling war a organisé divers événements autour des enjeux de la consolidation de la paix.
Son intervention a-t-elle reçu, auprès des passants, l’écho escompté ? « Il y a eu des réactions vraiment variables : certains nous ont trouvés naïfs, d’autres étaient prêts à nous écouter et à entendre nos arguments », poursuit Holly Spencer, en précisant qu’une cinquantaine de militants, chrétiens comme athées, se sont engagés, depuis le début de la semaine, dans cette opération de sensibilisation.
« Mobiliser les jeunes »
« Il est très difficile, aujourd’hui, de mobiliser les jeunes sur ces enjeux », renchérit Silvie Hege, pasteure à l’église mennonite de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) et militante de « Stop fuelling war ». « Beaucoup considèrent que la non-violence est acquise dans notre société : ce n’est pas un constat désabusé, mais il faut rappeler aux fidèles qu’il faut toujours s’engager pour sa promotion »,poursuit-elle, en rappelant que la communauté mennonite est, traditionnellement, résolument pacifiste.
En mai, cette dernière, alors réunie à Montbéliard (Doubs) pour la Conférence mennonite européenne, avait voté une motion à l’intention d’Emmanuel Macron et de plusieurs dirigeants politiques de premier plan pour condamner la tenue d’Eurosatory. Une revendication qui n’est pas près d’aboutir, alors que le prestigieux salon continue d’attirer des milliers de visiteurs. « Pour l’instant, nous avons un faible rayonnement, mais notre petit réseau grandit tous les jours », espère tout de même Holly Spencer, qui dit vivre son engagement dans l’association comme « un passage en acte de sa foi ».
Malo Tresca
Source : La Croix
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Site de l’association Stop fuelling war