Télécharger son cerveau pour atteindre l’immortalité numérique ?

Le 12 avril 2018

Télécharger son cerveau pour atteindre l’immortalité numérique, c’est ce que promet à ses clients Nectome, une start-up américaine. En injectant un liquide d’embaumement dans les artères du cerveau – une étape « 100 % mortelle » précise Robert McIntyre l’un des deux fondateurs de l’entreprise – celle-ci promet la conservation intacte du connectome, c’est-à-dire de l’ensemble des connections du cerveau. Elle entrepose ensuite les cerveaux de ses clients à une température de -122°C, en attendant que les avancées de la science lui permettent de télécharger son contenu sur un ordinateur ou un robot. Elle compte ainsi « reconstruire les souvenirs » de chacun de ses clients. « L’expérience sera identique à un suicide médicalement assisté », assure le fondateur, et respectera la loi californienne, en vigueur depuis 2016.

Les vingt-cinq premiers clients sont déjà sur liste d’attente, « dont Sam Altman, le jeune patron du célèbre incubateur de start-up Y Combinator, pourtant en bonne santé ». Ils ont chacun versé un acompte de 10.000 $. L’entreprise a aussi reçu une subvention de près d’un million de dollars de la part de l’Institut National sur les maladies mentales, et cherche de nouveau investisseurs. « Le potentiel commercial va être immense », se réjouit déjà Robert McIntyre.

Aucun test sur personne vivante n’a encore été réalisé. La start-up a obtenu un prix scientifique de la Brain Preservation Foundation en préservant un cerveau de lapin, puis un cerveau de cochon. Elle a aussi effectué le mois dernier la préservation du cerveau d’une femme décédée depuis deux heures. De nombreux scientifiques sont sceptiques sur les chances de réussites. «Nous connaissons le connectome de certains vers depuis plus de dix ans et personne n’a encore réussi à reconstruire leurs souvenirs, explique Sam Gershman, professeur à Harvard. Et il ne s’agit que de 7000 synapses, comparé à plusieurs milliers de milliards pour un cerveau humain ».

Si Nectome espère « surfer sur le rêve d’immortalité », Michael Hendricks, professeur à l’Université McGill à Montréal y voit surtout «un triste moyen de profiter des gens qui ont peur». «La seule chose qui ne soit pas du vent, c’est qu’ils vont bien tuer des personnes », assène Sam Gershman.

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