Une mosquée serait-elle à l’origine des représentations de la tour de Babel ?

Le 7 mars 2018

Située à 125 kilomètres au nord de Bagdad, la mosquée de Samarra, classée à l’Unesco depuis 2007, est sans conteste l’un des monuments les plus emblématiques d’Irak. Sa construction fut ordonnée par le calife Jafar al-Mutawakkil, le plus grand bâtisseur de la période abbasside (750-1258), entre 848 et 852. Ce dernier s’était installé à Samarra pour échapper aux conflits survenus avec la population locale de Bagdad. Pendant 400 ans, sa majestueuse mosquée demeurera la plus grande du monde et le bâtiment s’étendait sur 38 000 mètres carrés.

Détruite en partie par le souverain mongol Houlagou en 1278, elle conserva uniquement ses murs extérieurs et son impressionnant minaret de 52 mètres en forme de spirale. De plan rectangulaire, la mosquée était entourée par de grands murs de briques de 10 mètres de haut avec seize portes — protégées par de grandes arcades couvertes — permettant d’y pénétrer. À l’intérieur, elle offrait un luxe démesuré : 17 nefs, des murs recouverts de mosaïques et une cour centrale entourée de galeries à colonnades.

L’originalité de cette mosquée demeure son grand minaret situé — fait rare — à l’extérieur de la mosquée. Unique en son genre, il se présente comme une forme de spirale haute de 52 mètres. Sa base carrée de 33 mètres de large, percée de niches, est surmontée d’un grand escalier en forme de cône aboutissant à une petite tour cylindrique ornée de huit fenêtres. La légende raconte que le calife montait en haut de la tour sur dos d’âne pour profiter de la vue.

Du minaret à la tour de Babel

Pieter Bruegel – Tour de Babel

Ce minaret a été source d’inspirations pour d’autres mosquées, notamment celle d’Ibn Tûlûn au Caire, plus ancien monument islamique d’Égypte, qui conserve un minaret similaire. Mais la célèbre mosquée de Samarra n’a pas servi uniquement à l’édification d’édifices islamiques. Elle aurait également inspiré les représentations de la tour de Babel évoquée dans la Bible. De tous les mythes, Babel est probablement celui qui a le plus inspiré les artistes. Allégorie de la vanité humaine, cette tour démesurée, érigée en Mésopotamie, a alimenté l’imaginaire des peintres, en particulier des artistes flamands.

Ce texte biblique, tiré de la Genèse (Genèse 11, 1-9) raconte comment les descendants de Noé — ne parlant q’une seule langue — ont tenté de construire une tour assez haute pour toucher le ciel. En punition de leur vanité, Dieu les a soumis à la « confusion » en multipliant les langues. Les hommes ont alors perdu la possibilité de se comprendre et furent obligés de se disperser. De là viendrait l’origine de la diversité des langues.

En voyant cette tour étonnante, les premiers voyageurs occidentaux ont certainement imaginé que la mythique tour de Babel en Mésopotamie devait prendre cette forme. Les voyageurs connaissaient déjà la description succincte de cet édifice mythique par Hérodote qui se serait rendu à Babylone au Ve siècle av J-C. L’historien grec a-t-il vraiment vu cette tour ou s’est-il appuyé sur des témoignages ? Quoiqu’il en soit, sa description a été fondamentale dans la construction du mythe de la tour de Babel. Il la décrit comme une superposition de huit tours dotées d’un escalier en spirale permettant d’accéder au sanctuaire situé au sommet. Si sa description reste assez brève, nul doute qu’en voyant le minaret de Samarra, les voyageurs occidentaux ont fait un rapprochement avec la ziggourat babylonienne.

Depuis, de nombreux artistes se sont inspirés de cette forme hélicoïdale pour représenter la tour de Babel. On pense notamment au célèbre tableau de Pieter Brueghel l’Ancien (1563) conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne ou encore à celui de Lucas Van Valckenborch (1593) visible au musée du Louvre à Paris.

Source : Aleteia

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