« Jésus, l’enquête », un livre et un film qui vous emmènent chez les spécialistes évangéliques du Nouveau Testament

Le 2 mars 2018

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Chroniqueur judiciaire pendant plusieurs années au Chicago Tribune, Lee Strobel, journaliste de formation s’est lancé, suite à la conversion de son épouse au christianisme en 1979, dans une enquête sur la fiabilité des récits du Nouveau Testament, sur la personne de Jésus et sur la résurrection.

Des spécialistes du Nouveau Testament de pointure internationale

Au travers de 14 chapitres, le sceptique Lee Strobel mène son investigation sur le mode des enquêtes judiciaires qu’il a réalisées pour le Chicago Tribune. Il le fait en interrogeant des chercheurs de renommée internationale, la plupart du temps proches des milieux évangéliques. C’est ainsi que l’on voit défiler à la barre notamment : Craig Blomberg (2), professeur de Nouveau Testament à la Faculté de théologie de Denver, Ben Witherington (3), professeur de Nouveau Testament au Séminaire théologique Asbury dans le Kentucky, Don Carson (4), professeur de Nouveau Testament à l’Ecole de théologie évangélique Trinity près de Chicago… mais aussi Bruce Metzger (1914-2007), ancien professeur de grec et de littérature du Nouveau Testament au Séminaire théologique de Princeton et spécialiste de l’édition du texte du Nouveau Testament, William Lane Craig (5), professeur de philosophie à l’Ecole de théologie Talbot près de Los Angeles et grand apologète de la résurrection de Jésus.

L’enquête de Lee Strobel permet d’entrevoir comment ces spécialistes du Nouveau Testament appréhendent les grandes questions qui se posent à tous ceux que la recherche dans ce domaine intéresse.

Une datation des Évangiles qui plaide pour leur fiabilité

Pour parler de la datation des évangiles et de leur proximité de la vie de Jésus, Lee Strobel convoque Craig Blomberg à la barre. Désireux de montrer la proximité des Évangiles par rapport à la vie de Jésus, le professeur de théologie de Denver recourt à l’exemple des biographies d’Alexandre le Grand rédigées par Xénophon ou par Plutarque. Plus de 400 ans séparent ces biographes de la vie d’Alexandre. Pour les Évangiles, il en va tout autrement. La plupart des spécialistes datent les évangiles à partir de l’an 70 avec Marc. Pour Craig Blomberg, cette date est tardive. Vu que les Actes des Apôtres rédigés par Luc ne mentionnent pas la mort de l’apôtre Paul, ce livre doit avoir été écrit avant 62. Dans sa rédaction, l’Évangile de Luc précède les Actes. Donc on peut affirmer que l’Évangile de Luc daterait de 60 et l’Évangiles de Marc de quelques années avant, vu que Luc reprend Marc.

Le récit de la résurrection remonte encore bien plus tôt, selon Craig Blomberg. Dans 1 Corinthiens 15.3-7, l’apôtre Paul souligne qu’il est en train de « transmettre une tradition orale sous une forme relativement codifiée » (« Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures… »), qui daterait entre 32 et 35 ap. J.-C. « Paul a reçu ce credo qui avait déjà été formulé et se trouvait en usage dans l’Eglise naissante », ajoute ce spécialiste (6). Et Lee Strobel de conclure ce chapitre en soulignant : « Impossible de nier l’importance de ces éléments. Ils semblent bien en effet balayer l’accusation selon laquelle la résurrection… ne serait qu’un concept mythique développé au fil des siècles, au fur et à mesure que les légendes auraient parasité les récits des témoins oculaires de la vie du Christ » (7).

Un Jésus conscient de sa divinité

Dans son enquête, Lee Strobel consacre 4 chapitres à l’analyse de la personne de Jésus. Avec Ben Witherington, spécialiste de la christologie du Nouveau Testament, il s’attelle au chapitre 7 à la conscience que Jésus a de lui-même. « Jésus avait de lui-même une image qui dépassait celle d’un simple auteur de grandes actions, d’un maître à penser ou d’un prophète de plus, après tant d’autres. Il y a largement de quoi prouver qu’il s’envisageait en des termes uniques et souverains » (8). Premier élément : ses relations avec son entourage témoignent du fait qu’il a une forte conscience de sa divinité. Il forme un groupe de 12 disciples qui constituent une sorte de nouvel Israël, tout comme Dieu l’a fait avec les douze tribus d’Israël. Il déclare aux chefs religieux que ce n’est pas ce qui entre dans l’être humain qui le souille, mais plutôt ce qui en sort. L’autorité qu’il affiche face à ce que la tradition juive a affirmé pendant des siècles questionne : mais d’où parle-t-il ? Il initie ses disciples à la prière qui interpelle Dieu par la formule « Abba », alors que ses contemporains redoutaient de prononcer le nom de Dieu. Qui peut bien changer ainsi notre relation à Dieu et inviter ceux qui ont décidé de le suivre à l’imiter ? En référence à Daniel 7, Jésus endosse le titre de « Fils de l’homme », ce qui indique sa conscience d’une identité messianique et transcendante.

L’identité divine de Jésus transparaît aussi très tôt dans les lettres de Paul. Dans la salutation finale de sa première lettre aux Corinthiens, Jésus est appelé « Seigneur », « Kurios » en grec, le titre qui revient exclusivement à Dieu dans le judaïsme du Ier siècle (1 Corinthiens 16.22). Et à Ben Witherington de conclure : « Est-ce que Jésus croyait être le Fils de Dieu, l’Oint de Dieu ? La réponse est oui. Se voyait-il lui-même comme le Fils de l’homme ? La réponse est oui. Se voyait-il comme le Messie définitif ? Oui, c’est ainsi qu’il se voyait » (9).

Le tombeau vide

Dans la troisième partie de son livre consacrée à la résurrection, Lee Strobel se penche sur le tombeau vide et les questions qui gravitent autour de cette réalité surprenante. Il le fait avec l’aide de William Lane Craig, docteur en philosophie de Birmingham (UK) et docteur en théologie de l’Université de Munich, avec une thèse rédigée sous la direction du professeur Wolfhart Pannenberg ! Grâce à son interlocuteur compétent, le chroniqueur du Chicago Tribune traite d’abord une série d’arguments qui jettent une ombre sur les récits évangéliques. Le fait que Joseph d’Arimathée, un membre du Sanhédrin qui a condamné Jésus, intervienne pour prendre soin du corps du Crucifié, la sécurité de la tombe, la présence de gardes et de leur origine… Autant d’objections que le spécialiste parvient à dissiper. Lee Strobel s’attarde ensuite sur les « contradictions » des récits évangéliques du tombeau vide : le nombre et l’identité des femmes ; la position de la pierre, roulée ou pas ; la position de l’ange ; la réaction des femmes, mutisme ou annonce aux disciples… Pour William Lane Craig, ces difficultés ne sont pas insurmontables. « Je vois bien des incohérences, mais je remarque qu’elles ont toutes un point commun, c’est qu’elles ne touchent que des détails secondaires (…) L’historien soigneux… se dit qu’il y a sûrement là une base historique fiable sur laquelle s’appuyer, ajoute-t-il, quelles que soient les contradictions entre les détails annexes » (10). Et par ailleurs, une harmonisation des divergences entre les différents récits est possible.

En final de ce chapitre, William Lane Craig développe une série d’arguments positifs pour nous convaincre de l’historicité du tombeau vide. Il y a tout d’abord l’ancienneté de cette tradition transmise à Paul et que l’on découvre dans sa première épître aux Corinthiens (1 Co 15. 3-7). Il y a aussi le fait que le tombeau de Jésus était connu des chrétiens et des Juifs, et que la polémique entre eux ne porte pas sur le tombeau vide lui-même, mais sur le fait de savoir qui a dérobé le corps. L’ancienneté de la source que reprend l’évangile de Marc dans son récit de la Passion dissipe les craintes d’ajouts légendaires qui viendraient corrompre le récit. Dans cet évangile, il y a aussi la simplicité du récit du tombeau vide. « Les fictions apocryphes du IIe siècle comportent toutes sortes d’enjolivements dans lesquels Jésus sort de la tombe avec gloire et puissance, à la vue de tous, y compris les prêtres, les autorités juives et les gardes romains », relève William Lane Craig (11).

En point d’orgue, le spécialiste de la résurrection de Jésus relève que « le témoignage unanime de la découverte du tombeau vide par des femmes plaide en faveur de son authenticité, parce que les disciples ont certainement été gênés d’avoir à l’admettre et auraient encore plus certainement dissimulé le fait s’il s’était agi d’une légende » (12). Il conclut en relevant que l’hypothèse de Dieu ressuscitant Jésus d’entre les morts n’est pas du tout invraisemblable, pour autant que l’on n’exclue pas l’existence de Dieu. « Tant que l’existence de Dieu reste du domaine du possible, lance William Lane Craig, il se peut qu’il soit intervenu dans l’histoire en ressuscitant Jésus d’entre les morts » (13).

En conclusion de Jésus : l’enquête, Lee Strobel esquisse une rétrospective des 13 interviews de spécialistes qu’il a menées. L’enquête autour de Jésus par celui qui, à l’époque, était chroniqueur au Chicago Tribune a duré 21 mois. Elle se termine par une mise à plat des arguments qui pourraient l’inciter à mettre sa confiance dans Jésus le Christ. Les Strobel se dit convaincu par les arguments en faveur de l’authenticité du message chrétien. Il fait ensuite un pas de foi. Il croit et reçoit la grâce de Dieu, puis devient un être différent. C’était le 8 novembre 1981.

Par la suite, le chroniqueur judiciaire du Chicago Tribune est devenu pasteur dans l’Eglise évangélique Willow Creek du pasteur Bill Hybels, dans la lointaine banlieue de Chicago. Aujourd’hui, il exerce un ministère indépendant de défenseur de la foi chrétienne dans les médias et dans ses livres, invitant chacun à reconsidérer ses a priori par rapport à Jésus-Christ. Lee Strobel termine son livre en disant :

« Prenez la résolution de donner un verdict quand vous aurez recueilli assez d’informations, en sachant que vous n’aurez jamais une réponse complète pour chaque question. Vous pourriez même peut-être chuchoter une prière au Dieu dont l’existence vous paraît encore incertaine, pour lui demander de vous guider vers la vérité qui le concerne… » (14).

Serge Carrel

Notes
1 Lee Strobel, Jésus : l’enquête, Un journaliste d’expérience à la poursuite du plus grand événement de l’histoire, Nîmes, Vida, 20182, 312 p.
2 Il existe un livre de Craig Blomberg traduit en français : Ne me donne ni pauvreté ni richesse, Cléon-d’Andran, Excelsis, 2001, 320 p.
3 Pour découvrir en français un aspect de la recherche de Ben Witherington, on peut lire : Histoire du Nouveau Testament et de son siècle, Cléon-d’Andran, Excelsis, 2003, 464 p.
4 Plusieurs ouvrages de Don Carson sont traduits en français : L’évangile de Jean, Charols, Excelsis, 2011, 962 p. ; Jésus, le Fils de Dieu, Un titre christologique en débat, souvent méconnu, parfois mal compris, Lyon, Clé, 2016, 120 p. ; Jusques à quand ? Réflexions sur le mal et la souffrance, Cléon d’Andran, 2005, 320 p.
5 Sur son site Raisonnable Faith, William Lane Craig propose 4 articles traduits en français. Parmi ceux-ci : « Les preuves historiques de la résurrection de Jésus ».
6 Lee Strobel, Jésus : l’enquête, p. 40.
Ibidem.
8 Lee Strobel, Jésus : l’enquête, p. 154.
9 Lee Strobel, Jésus : l’enquête, p. 158.
10 Lee Strobel, Jésus : l’enquête, p. 244-245.
11 Lee Strobel, Jésus : l’enquête, p. 251.
12 Ibidem.
13 Lee Strobel, Jésus : l’enquête, p. 253.
14 Lee Strobel, Jésus : l’enquête, p. 309.
Source : LaFree.ch

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