Décentralisé, transversal et intuitif, internet séduit. Quel festin de contacts pour les évangéliques, familiers des réseaux! La francophonie fourmille d’initiatives, parfois spectaculaires, qui visent à rassembler, encourager, édifier et mobiliser les chrétiens via des plates-formes digitales taillées sur mesure.
Une des forces du web est l’effacement des barrières. Une forme de transparence et d’immédiateté se crée. Les magistères, les filtres, les institutions sont impuissants devant l’initiative individuelle et l’expression subjective. D’où un sentiment d’authenticité, dans lequel le sociologue Charles Taylor voit une marque de notre temps. Au risque d’estomper la frontière vie privée/vie publique. Plusieurs mastodontes du web l’ont pointé. Début janvier 2010, dans un entretien avec Michael Arrington, Mark Zuckerberg affirmait : « La vie en public est la nouvelle norme. »
Auparavant, le patron de Google tenait des propos similaires sur CNBC. Expliquant qu’il pouvait être amené à fournir des données personnelles à l’Etat (dans le cadre du Patriot Act), il soulignait les limites de la protection de la vie privée, dès lors qu’elle s’affiche sur le net. Ce qu’un commentateur a résumé ainsi : « Seuls les criminels se soucient de protéger leurs données personnelles. » Ah bon?
Ces géants du net ont, depuis, nuancé leurs propos. Mais l’air du temps reste le même : sur le web, la distinction privé/public s’estompe. Le cyberespace évangélique francophone l’illustre.
L’un des marqueurs de ce virage est l’utilisation faite des photos de famille et particulièrement des enfants. On trouve sur les réseaux des images d’un bonheur privé qu’on réservait, vingt ans auparavant, à l’espace familial, ou à une liste très sélective. Bambins qui font leurs premiers pas, fillette radieuse au manège, garçonnet qui découvre son gadget électrique, vacances à la plage ou sur les pistes de ski…
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Source : Christianisme Aujourd’hui