Islande : projet de loi contre la circoncision

Le 20 février 2018

Le texte propose une peine d’emprisonnement maximale de six ans pour toute personne qui causerait des dommages au corps ou à la santé d’un enfant en « enlevant des organes sexuels en totalité ou en partie ». La circoncision y est présentée comme une atteinte aux droits de l’enfant puisqu’elle exposerait, selon le texte, à des infections et causerait des « douleurs considérables ».

La commission des épiscopats de la communauté européenne (Comece) a réagi dans un communiqué publié mardi 6 février. « La criminalisation de la circoncision est une mesure très grave qui suscite de profondes inquiétudes, a écrit son président, le cardinal Reinhard Marx. Ce projet de loi constitue une dangereuse atteinte à liberté de religion. »

Criminaliser la circoncision revient à criminaliser une prévention sanitaire

Selon le texte, ce projet de loi entrerait dans la suite logique de l’interdiction des mutilations génitales des femmes, adoptée par l’Islande en 2005, arguant qu’il était temps que cette « atteinte aux parties génitales » soit aussi interdite chez les hommes.

Un argument non recevable pour Catherine Vierling, médecin et conseillère au Parlement européen sur les questions bioéthiques et des droits de la femme. Celle-ci explique que la circoncision est différente de l’excision« une mutilation génitale féminine qui consiste à retirer le clitoris, organe du plaisir féminin ». Tandis que la circoncision « n’est pas une mutilation, assure la médecin. À l’origine, le retrait du prépuce, ce bout de peau mobile qui couvre le gland du pénis, est une question d’hygiène. » Dans un rapport de 2007, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a même recommandée comme une mesure préventive pour les hommes sexuellement actifs dans les populations exposées à de forts risques de contamination au VIH.

Saper les libertés religieuses sous couvert de défendre les droits de l’enfant

La discussion sur la circoncision ne se limite pas à sa seule dimension sanitaire. Cette pratique a un rôle dans la transmission de l’identité religieuse. Bien qu’elle ne soit pas nommée dans le Coran, la circoncision est largement pratiquée dans le monde musulman, mais c’est surtout « une obligation fondamentale pour entrer dans la communauté juive », explique le père Olivier Poquillon, secrétaire général de la Comece.

Le rituel – aussi appelé « Brit milah » (alliance par la circoncision) – pratiqué au huitième jour après la naissance du petit garçon, constitue l’un des fondements du judaïsme. Dans le Talmud, l’un des textes fondamentaux du judaïsme, il y est écrit : « Le commandement de la circoncision est équivalent à l’ensemble de tous les autres commandements de la Torah ».

En somme, sa criminalisation « signifierait que les juifs ne pourraient pas vivre leur religion en Islande. Cela les bannirait du pays ou les contraindrait à la clandestinité, et pourrait même aboutir à les y éradiquer », dénonce le père Olivier Poquillon. C’est donc le droit fondamental à la liberté religieuse qui est atteint, sous couvert de défense des droits de l’enfant. « L’Église est à l’origine de la Convention internationale des droits de l’enfant, elle ne peut pas être suspectée de ne pas s’y intéresser. S’appuyer dessus pour interdire la circoncision, c’est l’instrumentaliser », s’indigne le père. « S’agit-il de criminaliser la pratique du judaïsme ou même d’éliminer les communautés juives ? »

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme saisi

Alerté par le Grand rabbin du Danemark, le Grand rabbin de Bruxelles s’est adressé à la Comece pour demander à « faire tout ce qui est possible pour essayer d’arrêter la promulgation de cette loi qui risque de porter un coup fatal à toutes les communautés juives d’Europe ». D’autant que « les communautés juives et musulmanes en Islande sont très petites et de ce fait incapables de constituer une force d’opposition valable ».

Le 7 février, le représentant permanent de la Conférence des rabbins européens auprès des institutions européennes, Albert Guigui, a saisi le Haut-commissariat des nations-unies aux droits de l’Homme. Une explication du gouvernement islandais va être exigée.

Ce type de propositions n’est pas nouveau dans les pays nordiques. En mars 2017, le débat avait déjà secoué la Norvège. Le texte proposait de fixer à 15 ans l’âge minimum pour la circoncision non médicale des garçons, sous réserve de leur consentement. Pour l’instant, la date du vote du projet de loi en Islande n’est pas connue.

Marie Lechapelays
Source : La Croix

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