Si certaines expressions ne laissent aucun doute quant à leur origine biblique comme « être en tenue d’Ève ou d’Adam », « être attendu comme le Messie » ou « porter sa croix », pour d’autres c’est moins évident.
Crier sur les toits
Voilà une expression qui a traversé les siècles en restant quasiment identique à l’originale. Crier sur les toits, c’est répandre largement une information afin que tout le monde soit au courant ou révéler un secret et participer à sa diffusion. Cette expression est inspirée de paroles de Jésus, comme le rapportent Luc et Matthieu dans les Évangiles.
« Aussi tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu en pleine lumière, ce que vous aurez dit à l’oreille dans le fond de la maison sera proclamé sur les toits ». (Luc 12:3)
Dans ce passage de l’Évangile de saint Luc, Jésus voyage de ville en ville avec ses disciples pour annoncer la parole de Dieu. Des foules immenses se pressent à sa rencontre pour le voir et écouter ses enseignements. Mais de plus en plus, il se heurte aux pharisiens et aux docteurs de la loi qui, jaloux de sa renommée, le harcèlent de question et cherchent à le piéger. Jésus met alors ses disciples en garde contre leur hypocrisie et leur vanité : le message de Dieu s’adresse à tous et sera connu de tous.
« Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits ». (Matthieu 10:27)
Toucher du doigt
La signification de cette expression : être proche d’atteindre quelque chose, être convaincu de manière indiscutable ou avoir une perception claire et évidente n’est finalement pas si éloignée de son origine. Elle fait en effet référence aux paroles de Thomas, l’un des douze apôtres de Jésus, dans l’évangile de Jean.
« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » (Jean 20, 25)
Huit jours plus tard, alors que les disciples sont à nouveau réunis dans la maison, cette fois tous ensemble, Jésus leur apparaît et s’adresse directement à Thomas :
« Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » (Jean 20, 27)
Thomas, qui voit Jésus et « touche du doigt » les stigmates (la preuve concrète qu’il attendait tant !), est alors convaincu avec certitude (Mon Seigneur et mon Dieu ! Jean 20, 28).
Cet épisode des Évangiles illustre bien la place du doute dans la Foi. « Thomas l’incrédule », « celui qui ne croit que ce qu’il voit », Thomas, devenu le symbole de la difficulté de croire, préfigure tous les chrétiens qui lui succéderont dans les siècles à venir, croyant en Dieu sans pouvoir le toucher ni le voir et portant Sa Parole, parfois au péril de leur vie.
Pleurer comme une madeleine
Cette belle expression qui signifie pleurer abondamment ou à chaudes larmes n’a absolument rien à voir avec Proust et les petits gâteaux bombés du même nom ! Elle pourrait presque s’écrire « pleurer comme une Madeleine » avec un M majuscule car elle fait référence au personnage de Marie-Madeleine dans le Nouveau Testament.
Trois femmes sont généralement identifiées à Marie-Madeleine : Marie de Magdala, devenue l’une des plus fidèles disciples de Jésus après qu’il l’ait délivrée de 7 démons (Luc 8, 2), Marie de Béthanie, sœur de Marthe et Lazare, et la pécheresse anonyme, qui, alors que Jésus est invité à un repas, s’agenouille auprès de lui en pleurant, lui lave les pieds en confessant ses péchés et les couvre de parfum. « Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus » (Luc 7, 38). Devant l’abondance de ses larmes et la sincérité de son repentir, Jésus lui pardonne ses péchés.
Du chagrin à la joie
Que ce soit Marie de Magdala ou la pécheresse anonyme (ou les deux !) qui ait inspiré l’expression, les larmes versées expriment un chagrin sincère et intense et trouvent en retour l’amour de Jésus qui transforme les larmes de peine en larmes de joie en pardonnant les péchés et en montrant que la vie est plus forte que la mort.
C’est au XIXe siècle que l’expression se popularise, notamment grâce à Honoré de Balzac dans les «Petites misères de la vie conjugales » de « La Comédie Humaine ». Auparavant (XIIIe siècle), une expression proche, « faire la madeleine », signifiait affecter le repentir ou l’humilité avec ostentation.
Source : Aleteia
______________________________________________________
Sur le même thème :