« Nous avons adoré, prié et étudié les Ecritures ensemble. Nous avons formé et approfondi des amitiés en mangeant, en buvant et en parlant ensemble dans la fraternité de l’Evangile. » Telles sont les premières lignes de la Déclaration de Larnaca signée par 30 Juifs messianiques et Palestiniens chrétiens, suite à l’Initiative de Lausanne pour la Réconciliation en Israël-Palestine lancée à Cape Town dans le cadre du Troisième Congrès de Lausanne en 2010. La Déclaration de Larnaca a été publiée en anglais en 2016. Elle vient d’être traduite en français par la revue de réflexion théologique Hokhma (1).
Un engagement à s’aimer et à vivre ouvertement l’unité au sein du conflit !
Malgré les tensions palpables dans le débat, Juifs messianiques et Palestiniens chrétiens ont fait le choix de s’engager les uns envers les autres à vivre concrètement leur unité en Christ. Bien conscients de leurs différences historiques, politiques et théologiques, les représentants de ces deux communautés se sont engagés à affirmer ouvertement leur unité en tant que disciples de Jésus-Christ au sein du conflit et des divisions qu’ils connaissent.
En reconnaissant les « zones de défi et de désaccord théologique », la réaffirmation de l’unité se base non seulement sur l’appel de Jésus en Jean 17 à être « un », tout comme il est « un » avec le Père, mais elle tend aussi à maintenir « des standards éthiques de vie dignes de l’appel, dans toutes nos attitudes, nos paroles et nos actes. »
Des actions pratiques qui expriment l’espoir pour l’avenir !
« Nous refuserons de nous dénoncer, de nous déshumaniser ou de nous diaboliser les uns les autres ou nos communautés respectives » ! Ces paroles fortes lancent un appel à faire évoluer les relations de ces deux communautés dans leur quotidien. Selon les participants, les opinions « incompatibles » ne doivent pas être un frein à l’expression de l’amour, de la paix et de l’unité de l’Esprit.
Ainsi, la Déclaration de Larnaca propose des actions qui favorisent l’entente, l’écoute et le savoir-vivre telles que le fait de ne pas « rendre publics les griefs contre un frère ou une sœur, ou les ministères ou organisations qu’ils représentent » ou l’engagement d’une défense mutuelle dans leur camp. « Nous nous engageons dans les intentions et les actions suivantes à être les avocats les uns des autres dans nos communautés, particulièrement pendant les temps de violence accrue… »
Apprendre à s’accepter
L’unité passe aussi par la reconnaissance et l’acceptation des différences historiques, sociales et théologiques. Quand bien même « beaucoup de Juifs messianiques voient le retour des Juifs dans le pays et l’établissement de l’Etat d’Israël comme un signe de la fidélité de Dieu envers son peuple Israël », quand bien même « beaucoup de Palestiniens chrétiens considèrent la présence de l’Eglise chrétienne dans leur pays comme un témoignage de la fidélité de Dieu et l’établissement de l’Etat d’Israël comme une catastrophe », la Déclaration de Larnaca invite les deux communautés à se respecter, à reconnaître l’identité et la légitimité de l’autre.
L’étude et la prière au secours des différences !
Les réunions entre les théologiens juifs messianiques et chrétiens palestiniens n’ont pas toujours été évidentes ! Elles étaient même très intenses et chargées en émotions, avec parfois quelques désaccords tranchants. Cependant, les divers participants ont pu signer la Déclaration de Larnaca à la fin des discussions. Pour le théologien britannique Christopher Wright, facilitateur de ces rencontres et principal artisan de L’Engagement du Cap (2), « cela relève du miracle ! L’étude et la prière sont venues au secours des différences entre les deux communautés. »
Camille Kursner
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