Le président du CNEF devant l’Assemblée des évêques réunie à Lourdes

Le 8 novembre 2017

« Face à l’immense désespérance du monde, nos Églises ont le devoir de se tenir sur la brèche. » C’est le président du Conseil national des évangéliques de France (Cnef), le pasteur Étienne Lhermenault qui a lancé, dimanche 5 novembre à Lourdes (Hautes-Pyrénées), ces mots aux évêques de France.

L’épisode aurait pu passer inaperçu, placé à la toute fin de cette troisième journée de l’Assemblée plénière d’automne des évêques. Intercalée entre un débat sur les structures de l’Église et un vote à huis clos, l’intervention du pasteur ne figurait pas au programme et n’a duré qu’une poignée de minutes. Elle avait pourtant son importance, du moins symbolique, puisqu’il s’agissait d’une première.

Cette invitation inédite était « un signe de respect et de fraternité », s’est félicité le pasteur à la tribune de l’hémicycle Sainte-Bernadette, « qui souligne la richesse des dialogues que catholiques et évangéliques entretiennent depuis 20 ans ». Avant même la création du Cnef en 2010, donc, a-t-il remarqué. Plus concrètement, les premiers jalons en vue de cette invitation ont été posés il y a deux ans, avec Mgr Vincent Jordy, évêque de Saint-Claude (Jura), dans le cadre des travaux du Conseil d’Églises chrétiennes en France (CECEF).

Devant les évêques, Étienne Lhermenault n’a pas voulu se faire la voix d’un œcuménisme angélique. « Il reste entre nous des désaccords sérieux, sur les sacrements, les ministères et l’Église, a rappelé le président du Cnef. Mais nous avons en commun de confesser le Christ crucifié, mort et ressuscité, et la mission d’aller partout par le monde faire des disciples. » Il n’a rien caché non plus de la « grande frilosité de certaines unions d’Églises membres du Cnef, à l’endroit de tout dialogue avec les catholiques ». Mais en la matière, a-t-il pointé, « la base est souvent en avance sur les institutions ».

Pourquoi le dialogue progresse

Comment expliquer que le dialogue entre catholiques et évangéliques ait progressé ces dernières années, au point de rendre possible la présence de l’un d’eux ce soir-là à Lourdes ? « Si je comprends bien, le peuple de notre Église est moins nombreux, mais plus confessant », a lancé Étienne Lhermenault aux évêques, donnant en creux un élément de réponse.

« La sécularisation, la fin de la chrétienté, entraînent un renouvellement de l’identité catholique, et donc une envie renouvelée de proposer la foi », explique le père Emmanuel Gougaud, directeur du service national pour l’unité des chrétiens, au sein de la Conférence des évêques de France. « Une telle motivation ne peut pas ne pas plaire aux évangéliques. »

« Nous ressentons aussi une proximité avec une grande partie des catholiques sur des sujets de société, comme la famille ou la bioéthique », complète le président du Cnef. Une manière de dire que catholiques et évangéliques pourraient, un jour, passer du dialogue à la collaboration ? « Il faudra s’entendre, à l’avenir, sur la manière dont nous pouvons agir ensemble pour être une présence chrétienne dans le monde », temporise le pasteur. « Pour l’instant, nous en sommes encore au stade de l’interpellation mutuelle. »

Gauthier Vaillant (à Lourdes)
Source : La Croix
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