Dans les cimetières, le casse-tête des « carrés confessionnels »

Le 18 mai 2017

Face à la difficulté croissante de nombreux musulmans à trouver un lieu de sépulture, le conseil des institutions musulmanes des Yvelines (Cimy) a lancé, au début de l’année 2017, une étude sur l’offre des « carrés confessionnels » dans le département.

En France, la création et la gestion de ces espaces, regroupant des défunts de même confession dans les cimetières, sont encadrées par une législation précise.

Ils ne savent pas où enterrer leurs proches, faute de place. À Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, des musulmans endeuillés sont confrontés à de nombreuses tracasseries administratives pour trouver des lieux de sépulture conformes à leurs exigences confessionnelles. Dans le cimetière de Gassicourt, le seul « carré musulman » de la ville, qui regroupe des défunts dont les corps sont tournés vers la Mecque, n’a plus de place pour les familles arrivantes.

Face à cette difficulté rencontrée par un nombre croissant de fidèles, le conseil des institutions musulmanes des Yvelines (Cimy) a lancé, au début de l’année, une étude sur l’offre des « carrés confessionnels » dans le département. « De nombreuses mosquées et associations cultuelles ont fait remonter l’inquiétude des croyants de ne pouvoir être enterrés près de chez eux, avec les leurs, souligne Abdelaziz El Jaouhari, secrétaire général de la Cimy. La demande est très forte, et les carrés saturés ».

Sur les 240 communes du département, seulement 24 carrés confessionnels ont été recensés jusqu’ici. En France, la création et la gestion de ces espaces, qui concernent particulièrement les communautés juive et musulmane, sont encadrées par une législation précise, reposant sur la bonne volonté des maires.

Que dit la loi française sur les « carrés confessionnels » ?

Depuis 1881, les cimetières sont considérés en France comme des espaces « interconfessionnels », laïques et neutres. « Tout regroupement par confession sous la forme d’une séparation matérielle du reste du cimetière est interdit »,précise la loi datée du 14 novembre 1881. De fait, il incombe aux maires d’attribuer aux familles les emplacements de leurs tombes. Les élus peuvent donc, sur demande préalable du défunt ou de son entourage, opérer des regroupements confessionnels des sépultures.

Depuis 1975, le ministère de l’intérieur a publié trois circulaires pour encadrer cette pratique, en réaffirmant l’interdiction d’une séparation des carrés matérialisée – par une barrière, un muret… – et en bannissant l’installation de symboles religieux ailleurs que sur les tombes, c’est-à-dire dans toutes les parties communes des cimetières.

En 2008, le dernier texte a encouragé, pour répondre à la forte demande, les regroupements par religions. « La doctrine de l’État est donc claire : le maire peut créer des carrés confessionnels, de fait, en veillant à ne pas le reconnaître », résumait en ce sens en 2015 Philippe Bluteau, avocat à la cour, sur le site du Courrier des maires.

Comment répondent-ils aux différentes exigences religieuses ?

« La principale différence réside dans la volonté, pour les musulmans, d’avoir des tombes orientées vers la Mecque », précise encore Abdelaziz El Jaouhari. Dans les carrés juifs, les tombes doivent être alignées par rangées, dans la direction ouest-est en direction de Jérusalem, comme le demande la Torah.

L’obligation, en France, d’être enterré dans la ville où l’on a sa résidence principale, dans celle où l’on dispose d’une résidence secondaire, dans celle où il existe déjà une sépulture familiale ou dans la commune de décès complique encore la démarche des fidèles affiliés à un cimetière ne disposant pas de « carré confessionnel ». C’est ce qui pousse encore nombre de musulmans et de juifs à choisir l’option du rapatriement de leurs corps dans leur pays d’origine, pour être certains du respect des règles d’enterrement propres à leur culte.

Les transferts de corps vers Israël se sont ainsi multipliés ces dernières années.« Mais au sein de la communauté musulmane, cette tendance baisse, avec le vieillissement de la population, poursuit Abdelaziz El Jaouhari. Les jeunes générations, qui ont grandi en France, ne veulent pas être enterrées dans une terre qui leur est inconnue. » Ce qui explique aussi la saturation de nombreux carrés musulmans, notamment en banlieue parisienne.

Quelles solutions pourraient être envisagées ?

Certains responsables religieux en sont convaincus : il faudrait autoriser en France la création de cimetières confessionnels privés, comme il en existe déjà quelques-uns, datant d’avant 1881. Une commission spéciale, présidée par le juriste Jean-Pierre Machelon et centrée sur la question des relations entre les cultes et les pouvoirs publics, avait tenté, en 2006, de modifier la législation. Mais ses propositions sont restées lettre morte.

De son côté, la Cimy ne désespère pas de faire bouger les choses dans les Yvelines. « Nous faisons tout un travail de sensibilisation, de dialogue avec les élus généralement plutôt réceptifs à notre démarche, ajoute Abdelaziz El Jaouhari. C’est humain, face à la tristesse des familles endeuillées. »

Source : La Croix.com

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