Alors qu’il a décidé de fermer les frontières des États-Unis aux étrangers issus de pays dits « à haut risque » terroriste, et de suspendre pendant trois mois le programme américain d’admission des réfugiés (USRAP), le président Donald Trump a annoncé qu’il accorderait le statut de réfugié « en priorité » aux chrétiens ayant subi des persécutions, estimant que ces derniers bénéficiaient d’un accueil « injuste » et « discriminatoire » sous la précédente administration Obama, rapporte l’agence Fides.
Sept État jugés à « haut risque »
Selon le Pew Research Center, 49 pays étaient peuplés en majorité de musulmans en 2010 (seuls 20 % des musulmans vivent dans des pays arabes). Dans 23 pays du monde (principalement au Maghreb et au Moyen-Orient), l’islam a le statut de religion d’État. Cinq d’entre eux sont frappés par la mesure américaine : l’Iran, le Yémen, la Libye, l’Irak et la Somalie. Majoritairement musulmans, la Syrie et le Soudan, également visés par le décret présidentiel américain, sont des États laïcs. Seule la Syrie est d’ores-et-déjà concernée par ces mesures de confinement. À ceux qui accusent le nouveau président de vouloir faire barrière à l’immigration musulmane, le président américain s’est pourtant défendu de tout amalgame : « Non, il ne s’agit pas de l’interdiction d’entrée aux musulmans. Ce sont des pays où règne une terreur effroyable. (…) Ce sont des pays dont les ressortissants vont entrer ici en suscitant d’énormes problèmes. Notre pays a déjà bien assez de problèmes sans laisser entrer des gens qui, dans de nombreux cas ou dans certains cas, cherchent à provoquer des destructions énormes », a-t-il déclaré dans une entrevue exclusive accordée le 27 janvier à la chaîne de télévision américaine chrétienne CBN (Christian Broadcasting Network).
Le cas des chrétiens de Syrie
En ce qui concerne les chrétiens persécutés, Donald Trump a confirmé qu’ils auraient bien « la priorité » dans le nouveau programme d’accueil des réfugiés aux États-Unis. Ces derniers « ont été traités de manière horrible », a-t-il dénoncé, citant tout particulièrement les chrétiens de Syrie pour qui « il était vraiment très difficile, voire impossible, d’entrer ». Tout le monde était persécuté en Syrie, a-t-il reconnu, ils ont coupé les têtes de tout le monde mais « plus encore celles des chrétiens. Et je pense que c’est très, très injuste. Nous allons donc les aider », a-t-il ajouté.
Lire aussi : L’administration Obama a-t-elle favorisé les musulmans au détriment des chrétiens ?
Les dernières statistiques fournies par le Pew Research Center, en octobre dernier, ne semblent pas confirmer les affirmations du président américain, relève l’agence Fides : l’institut de recherche a relevé qu’en 2016, 38 901 réfugiés musulmans ont été accueillis aux États-Unis (46% du total) contre 37 521 chrétiens (44%). En effet, ces derniers proviennent essentiellement d’Europe, d’Afrique subsaharienne (principalement de la République Démocratique du Congo) et d’Asie.
Ces données sont donc à mettre en perspectives avec les chiffres communiqués par le Refugee Processing Center (lié au département d’État américain) qui dénombre 10 801 réfugiés syriens accueillis aux États-Unis au cours de l’année fiscale 2016 dont seulement 56 chrétiens, soit 0,5 %.
90 jours pour tout mettre en œuvre
Selon le décret, intitulé « Protéger la nation des attaques terroristes des ressortissants étrangers », le processus de délivrance des visas « jouera un rôle primordial pour repérer les individus ayant des liens avec les terroristes et pour les empêcher de rentrer sur le territoire américain ». Le Secrétariat à la défense est censé produire dans les quatre-vingt dix jours un plan pour définir des « zones de sécurité en Syrie et dans les régions environnantes » pour les Syriens déplacés, en attente de leur rapatriement ou de leur replacement dans un pays autre que les États-Unis. Des experts en droit américain commencent à juger « anticonstitutionnelle » tout hypothétique projet de sélection sur base religieuse des réfugiés et migrants autorisés à entrer aux États-Unis.
Le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) a déjà annoncé son intention de poursuivre le président Donald Trump pour « son ordonnance interdisant la plupart des immigrants de Syrie et d’autres pays qui manquent aux normes de contrôles internationaux et qui ont des problèmes avec le terrorisme ». L’organisation, bien implantée au sein de l’administration Obama, s’était attirée les foudres des chrétiens américains originaires du Moyen-Orient, mais aussi d’Américains musulmans, blackboulés des concours administratifs internes à la Maison Blanche pour des raisons religieuses.
Source : Aleteia
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