Pour le théologien Jacques Blandenier, la question ne devrait même pas se poser : « Cela me paraît non seulement important, mais nécessaire que les évangéliques aient conscience qu’ils sont des fils légitimes des Réformateurs.»
Pour l’auteur de Martin Luther et Jean Calvin, contrastes et ressemblances (Ed. Excelsis), il en va de leur image et de leur crédibilité : « Dans le contexte religieux brouillé que nous connaissons, la plupart des gens, y compris parmi les journalistes, ont des évangéliques une image superficielle, souvent influencée par certains extrémismes qui nous disqualifient et sont un handicap pour notre témoignage.» Et de souligner encore que «faire savoir que le mouvement évangélique est réellement rattaché aux Réformateurs du 16e siècle nous donne une légitimité qui nous manque souvent, en particulier face aux autorités ».
Même son de cloche du côté du théologien Jean Decorvet : « Si les évangéliques abandonnent l’idée que cet événement a fécondé leur propre histoire, ils s’isolent encore un peu plus et se recroquevillent sur leur seul présent. »
Il ne faudrait cependant pas se tromper dans la façon de célébrer la Réforme, avance le pasteur Bedros Nassanian, un évangélique charismatique qui s’engage avec d’autres pasteurs de Genève pour cet anniversaire. Pour lui, il s’agit d’honorer les Réformateurs du 16e siècle et ceux qui les ont suivi, mais surtout « de célébrer ce que Dieu a accompli à cette période de l’histoire. L’acte de se souvenir de ses bienfaits fait partie des commandements bibliques et de notre foi. Remémorer, honorer et célébrer nous pousse à non seulement regarder en arrière, mais aussi à rechercher la volonté de Dieu pour son Église.»
Une révision continue
Le théologien Paul Wells, longtemps professeur à la Faculté Jean Calvin, tient d’ailleurs à rappeler un des éléments fondateurs de la Réforme, qui est le semper reformanda.
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Source : Le Christianisme aujourd’hui
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A lire : Michael Sattler. La naissance d’Eglises de professants au XVI° siècle
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par Christopher Sinclair, Maître de conférences à l’Université de Strasbourg