Le 28 janvier, la charmante ville charentaise d’Angoulême avait déclaré ouvert le 43ème festival de la Bande Dessinée. Une ville qui rime désormais avec cet événement… le Cannes du neuvième art en quelque sorte, car « Angoulème a bien la BD dans le sang », comme le titrait le journal régional Sud-Ouest en ce jour d’ouverture. Un festival qui est devenu une institution tant la bande dessinée a conquis définitivement ses lettres de noblesse dans les supports culturels. Il faut savoir qu’à l’inverse de la production musicale par exemple, elle connaît chaque année une croissance dans tous les domaines : édition, publication, impression et multimédia…
Progression d’un support qui le devient aussi naturellement pour un témoignage de foi, ou pour réfléchir sur des questions de spiritualité, d’éthique, de tout ce qui dit ou rejoint l’humain. La foi chrétienne aux cours des siècles à toujours été source d’inspiration pour les artistes : monuments, sculptures, peintures, musique… Aujourd’hui elle inspire d’autres formes d’art en particulier celui de l’image dont la bande dessinée. Pour les organisateurs du festival de la BD Chrétienne, la promouvoir c’est une manière actuelle d’évangéliser en faisant connaître l’Évangile et ses témoins, même si donc celle-ci ne se cantonne pas seulement à des récits spécifiquement religieux.
Pour ce trentième anniversaire, une agréable cérémonie était l’occasion à la fois de remettre les différents prix et mentions des deux jurys (celui de la BD Chrétienne et le jury œcuménique) mais aussi de rappeler, au travers entre autre du dessinateur BRUNOR, très impliqué à Angoulême, quelques temps forts de ces années passées et de se laisser interpeller par diverses interventions parlées, chantées ou jouées.
Venons-en aux lauréats de ce joli cru 2016 :
Pour le Jury œcuménique, c’est le handicap qui est mis à l’honneur sous la plume du dessin aux allures caricaturales et humoristiques de Le Cil Vert avec son album « Un faux boulot » parut chez Delcourt. Le Cil Vert d’ailleur très ému en recevant son prix et extrêment honoré.
Mention offerte également au mathématicien Cédric Villani pour le texte et Baudoin pour le dessin avec « Les rêveux lunaires » chez Gallimard-Grasset. Un plongeon dans la vie de quatre génies qui, au cœur de la barbarie de la seconde guerre mondiale, ont changé l’histoire et nous prouvent sans doute ainsi que la même chose est encore possible aujourd’hui.
Parmi les 15 albums sélectionnés, le jury de la bande dessinée chrétienne d’Angoulême, a choisi, lui, de primer l’album « Mère Teresa de Calcutta » ayant pour sous-titre « Au nom des pauvres parmi les pauvres » . Un scénario de l’américain Lewis Helfand pour un dessin de l’indien Sachin Nagar. Le jury s’est dit « renversé » par ce récit tout en nuances de la vie de Mère Teresa, admirablement servi par le graphisme, et en le qualifiant de moderne, émouvant, à l’atmosphère intime et pudique.
Deux très belles mentions, qui pour ma part sont mes coups de cœur, ont été attribuées à « Des pas dans la neige » et « Poverello ».
Poverello, aux éditions Bayard, c’est l’œuvre du dessinateur et auteur Robin qui nous invite à suivre les cheminements différents de François d’Assise et de John Coal, acteur qui se retrouve à devoir l’incarner au cinéma. Leurs questionnements respectifs sur le sens de la vie et le sens de l’amour se font écho. Des relations se tissent entre les personnages d’une équipe d’acteurs et d’une communauté religieuse qui se constitue. Un superbe album de 600 pages à quelques 20 euros seulement.
Enfin « deux pas dans la neige » est le premier travail d’une jeune graphiste protestante évangélique Grâce Pârvu Gotte, épaulée pour le scénario par sa mère pasteure Catherine Gotte Avdjian. Ce livre relate le parcours d’une femme roumaine, violée, détruite, écrasée qui dans son exil, loin de son pays, va rencontrer le Christ et va pouvoir trouver la force de se relever et de retrouver son identité et sa dignité. Il s’agit d’une fiction inspirée de deux histoires vraies. À noter le travail graphique original en noir et blanc, résolument moderne, qui amplifie le récit riche, émouvant et profond.
Un grand bravo à tous les organisateurs, nombreux bénévoles et aux diverses communautés chrétiennes locales impliqués dans cet événement qui fait du bien et qui a de belles années devant lui assurément !
Source : Art spi’in