Les lycéennes nigérianes de Chibok sont en captivité depuis 500 jours

lycéennes kidnappées de Chibok
Le 27 août 2015

Le chef de l’armée nigériane a reçu mardi 25 août leurs familles, avant une grande marche de soutien qui doit se tenir jeudi 27 août dans la capitale Abuja.
Toujours dans l’incertitude. Près de 500 jours après leur enlèvement, les familles des plus de 200 adolescentes nigérianes kidnappées par Boko Haram à Chibok, dans le nord-est du pays, devaient être reçues, mardi 25 août, par le chef de l’armée.
Dans la nuit du 14 au 15 avril 2014, les militants islamistes avaient fait irruption dans le pensionnat du lycée public de Chibok, dans l’État de Borno, où s’est créé le mouvement, pour y enlever 276 jeunes filles (Ndlr. en majorité chrétiennes) qui se préparaient à passer leurs examens.

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Cinquante-sept d’entre elles avaient réussi à s’échapper, mais le sort des 219 autres reste inconnu. Un mois après l’enlèvement, une vidéo les montrait vêtues de noir et récitant le Coran.
« La situation est extrêmement confuse. Les gens sont dans des camps, des forêts, explique la présidente d’Amnesty International France, Geneviève Garrigos. Depuis janvier 2014, plus de 2 000 femmes ont été kidnappées ».

Les enlèvements, un moyen de pression pour Boko Haram

L’enlèvement de civils, et plus encore de jeunes filles ou femmes, est une stratégie de Boko Haram pour terroriser le pays. « Ces enlèvements sont un moyen d’instaurer la terreur et de contrôler la population, indiquait, en avril 2015, Aymeric Elluin d’Amnesty International. Les femmes et filles sont mariées de forces à des combattants de Boko Haram, violées et parfois envoyées au combat ». Il arrive aussi que des fillettes ou des adolescentes soient contraintes de se faire exploser sur des lieux publics, commettant des attentats suicides dévastateurs, surtout sur les marchés.
« Pour les rescapées, celles qui ont réussi à s’échapper ou qui ont été libérées, se pose la problématique du traumatisme psychologique », raconte Geneviève Garrigos.
« Certaines femmes, enceintes, sont rejetées par leur communauté. Il y a donc un travail de prise en charge, de soins, et d’information à faire. Pour qu’elles ne soient plus stigmatisées mais considérées comme des victimes », souligne la présidente d’Amnesty International France.

Les militaires mis en cause

L’armée nigériane, elle, est accusée de ne pas avoir réagi alors qu’elle aurait été prévenue, près de quatre heures avant, d’une attaque imminente contre le lycée public de Chibok.
Selon Amnesty International, l’armée n’a pas déployé ses troupes dans cette ville du nord-est du Nigeria « en raison des faibles ressources dont elle dispose et de peur d’affronter les groupes armés souvent mieux équipés ».
Le porte-parole des armées avait alors démenti ces accusations, affirmant que ses troupes n’avaient été informées qu’au moment même de l’attaque.

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Soumis à une forte pression nationale et internationale, l’ancien président Goodluck Jonathan avait accepté l’aide d’experts américains, britanniques et français. La Chine avait également offert son aide pour tenter de localiser les adolescentes.
« Cette aide a surtout été du renseignement, de l’information et de la coordination, décrypte Geneviève Garrigos. Ce sont les forces locales qui sont chargées d’intervenir sur le terrain ».

Un gouvernement impuissant

Symbole de l’impuissance du pouvoir central contre Boko Haram, le nouveau président du Nigeria, Muhammadu Buhari, avait déclaré le 14 avril 2015, à l’occasion du premier anniversaire de l’enlèvement des lycéennes de Chibok, qu’il « ne pouvait pas promettre » de retrouver les adolescentes.

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« Nous ne savons pas si les filles de Chibok peuvent être secourues. Leur localisation reste inconnue », avait-il dit, tenant toutefois à apporter son soutien aux proches des lycéennes enlevées. « Mais je dis à tous les parents, les familles et les amis de ces enfants que mon gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour les ramener à la maison ».

Le Nigeria poursuite la lutte contre Boko Haram

Muhammadu Buhari – qui a pris ses fonctions fin mai – a remplacé tous les principaux chefs militaires. Le nouveau président s’est engagé à anéantir Boko Haram, tenu responsable de la mort d’au moins 15 000 personnes depuis l’apparition de cette secte islamiste dont le nom signifie « l’éducation occidentale est un péché » en 2009.
L’armée nigériane, soutenue par les contingents de pays voisins, Tchad et Cameroun notamment, a porté des coups sévères à Boko Haram début 2015 et repris certains bastions du mouvement. Des dizaines de captifs du groupe terroriste ont été libérées, mais pas les lycéennes de Chibok.
Et le rapport de force ne s’inverse toujours pas clairement en faveur d’Abuja.

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Les militaires assurent savoir où elles se trouvent, dans les environs de la forêt de Sambisa, dans l’État de Borno, mais expliquent qu’une opération militaire risquerait de mettre leur vie en danger.

Jeudi 27 août, le mouvement « Bring Back Our Girls » (Ramenez nos filles) a prévu d’organiser une grande marche de soutien à Abuja, la capitale fédérale nigériane, pour marquer le 500è jour de l’enlèvement des jeunes filles. Et demander à nouveau leur libération.

Kozi Pastakia

Source : La Croix.com du 26/08/15

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