Commentant un projet de loi visant à restreindre la visibilité de leurs lieux de culte et notamment à interdire la présence de croix à leur sommet, des responsables chrétiens de la province du Zhejiang ont usé d’une liberté de ton inhabituellement franche pour dire leur refus d’une telle évolution réglementaire.
En violation de la Constitution
« Le règlement envisagé est porteur de nombreuses dispositions pour les constructions catholiques et protestantes qui ne peuvent être acceptées », peut-on lire dans le communiqué publié diffusé ces jours-ci par l’Église Chongyi sur son site Internet. Ces dispositions « interfèrent de manière excessive sur la liberté d’user de manière raisonnable des bâtiments [d’Église] et de leur intérieur, violant ainsi l’esprit [de la législation] de l’État sur les Affaires religieuses », affirment encore les responsables de cette Église protestante implantée à Hangzhou et considérée comme la plus importante communauté protestante de cette ville, par ailleurs capitale du Zhejiang. Visiblement très déterminés, les responsables protestants écrivent que le projet de règlement « blasphème la croyance fondamentale du christianisme » et viole les dispositions de la Constitution de la République populaire relatives au respect de « la liberté de croyance religieuse » ; ils précisent encore que ce texte est « discriminatoire dans la mesure où il impose aux seules Églises protestantes et catholique des mesures spécifiques ».
Ainsi que l’a constaté le bureau de l’AFP en Chine – et signe du caractère sensible de cette prise de position critique –, le site Internet de l’Église Chongyi était inaccessible [après cette protestation].
Les nouvelles directives en question ont été rendues publiques le 8 mai dernier. Détaillées dans un document de 36 pages, elles encadrent strictement la présence de croix sur les églises chrétiennes. Celles-ci devront désormais être placées sur les façades et non plus surmonter les églises ou les clochers. Elles ne devront pas mesurer plus d’un dixième de la hauteur de la façade et leur couleur devra se confondre avec celle de l’édifice. Le texte va jusqu’à préciser le ratio commandant la taille de chacune des deux parties de la croix ; bizarrement, ce ratio diffère pour les croix des édifices catholiques (1/0,618) et pour celles des édifices protestants (3/2). D’autres dispositions spécifient que les cuisines et les toilettes des lieux de culte devront fonctionner principalement à l’énergie solaire ou à d’autres sources d’énergie renouvelable – une spécification exigeant des investissements coûteux et qui n’est pas habituellement imposée en Chine.
Un catéchiste catholique de Wenzhou, la ville côtière de la province du Zhejiang connue pour abriter une forte proportion de chrétiens, qualifie de « ridicule » l’ensemble du projet de loi. « Les autorités feraient mieux de s’atteler à contrôler le smog et la pollution avant d’exiger de l’Église qu’elle protège l’environnement », déclare à Ucanews ce catéchiste qui préfère garder l’anonymat.
470 croix démontées ou abattues
Selon Bob Fu, de China Aid, organisation basée aux États-Unis et soutenant les chrétiens de Chine, « ce projet de règlement n’est qu’une nouvelle manœuvre du gouvernement pour légaliser la violente campagne de destruction d’églises et d’enlèvement des croix » menée depuis la fin 2013 au Zhejiang. Ces derniers 18 mois, quelque 470 croix surmontant ou ornant des lieux de culte chrétiens, que ceux-ci soient catholiques ou protestants, affiliés ou non aux organismes « officiels » encadrant le catholicisme et le protestantisme en Chine, ont été démontées ou abattues ; 35 lieux de culte ont été rasés. Lire la suite sur le site de l’agence d’information des Missions étrangères de Paris (MEP), Églises d’Asie.
Source : Aletia