Cette initiative, qui s’inscrit en contradiction avec la position du Comité d’éthique, est critiquée par l’association française des hémophiles.
Faut-il autoriser en France les dons du sang des personnes homosexuelles ? Depuis plusieurs années, tous les ministres de la santé ont eu à se poser cette question délicate. Après avoir été tentés de répondre par l’affirmative, Xavier Bertrand et Roselyne Bachelot ont finalement choisi de renoncer.
L’actuelle ministre, Marisol Touraine a, elle, évolué sur le sujet. En décembre 2012, elle estimait que les conditions n’étaient pas réunies pour lever l’interdiction faite aux homosexuels. Aujourd’hui, elle estime que cette mesure permanente ne se justifie plus.
« Personne ne doit être interdit simplement parce qu’il est homosexuel et dans le même temps, nous devons garantir la sécurité absolue de ceux qui reçoivent du sang », a affirmé dimanche 12 avril sur France 3 Marisol Touraine en annonçant que les questionnaires délivrés aux donneurs de sang allaient être modifiés. « C’est une question de semaines ou de mois », a précisé la ministre.
Un amendement voté début avril
Marisol Touraine s’inscrit dans la logique d’un amendement voté début avril à l’Assemblée nationale. « Nul ne peut être exclu du don de sang en raison de son orientation sexuelle », dispose cet amendement, voté à l’unanimité et un peu à la surprise générale. Quelques jours plus tôt, en effet, le Comité national d’éthique avait estimé qu’il était préférable de s’en tenir au dispositif actuel.
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En France, la sécurité des transfusions est évidemment un sujet sensible, en raison du lourd héritage de l’affaire du sang contaminé. C’est au cœur de ce drame, en 1983, qu’a été instaurée l’interdiction du don de sang chez les homosexuels. Celle-ci a depuis lors toujours été maintenue, en dépit de multiples prises de position d’associations estimant que cette mesure était discriminatoire.
Chaque année, plus de 3 millions de dons du sang sont réalisés en France émanant de 1,7 million de donneurs. Pour garantir la sécurité des produits sanguins, de multiples précautions sont prises.
Lire la suite : La Croix du 14/04/15