« La plupart des prisons privées ont pour objectif de faire du profit ; ce n’est pas notre cas. Notre but, c’est la réinsertion », martèle Sim Dong-sub. Cet ancien procureur, chrétien fervent qui rêvait de devenir pasteur, est le directeur de Somang, une prison modèle gérée par des Églises et située au milieu des rizières de la campagne coréenne.
Ici, pas de mirador. De hauts murs équipés de caméras, des bâtiments lumineux, des chambres propres au sol couvert de linoléum jaune. Dans les couloirs, les 375 détenus se déplacent librement. Sim Dong-sub les interpelle, sourit, s’enquiert de leur état de santé, dispense plaisanteries et tape sur les épaules.
« Traiter les détenus avec amour »
« Nous travaillons dur pour mettre au point un modèle qui garantit la sécurité mais qui permet de traiter les détenus avec humanité, avec amour. » Amour : le mot revient comme un leitmotiv dans la bouche du directeur. « C’est la valeur la plus importante pour réussir nos nombreux programmes de réinsertion. » Le travail (agriculture, menuiserie, métallurgie) est obligatoire et rémunéré, huit heures par jour, cinq jours par semaine : « Les prisonniers doivent découvrir l’accomplissement par le travail. Ils doivent réaliser que ce qui compte, c’est le sang et la sueur. »
Deux cents bénévoles, en majorité des membres d’Églises évangéliques, viennent à Somang une fois par semaine pour mener des sessions d’aide psychologique et de soutien à la réinsertion. Beaucoup de ces programmes sont basés sur l’étude de la Bible. « Mais nous n’obligeons pas nos détenus à devenir chrétiens », insiste le directeur.
Des prisonniers « admis » sur sélection
À la prison de Somang, 60 % des prisonniers ont commis des crimes violents. Pour être transféré ici, un détenu doit en faire la demande, être sélectionné par le ministère de la justice, puis passer un entretien avec les responsables de la prison. Ceux-ci n’acceptent pas les membres de gangs, les toxicomanes, et les personnes qui ont violé la loi sur la sécurité nationale (accusés de soutenir la Corée du Nord).
À l’origine de ce projet étonnant se trouvent un groupe de procureurs protestants et la Fondation Agape, une coalition d’Églises évangéliques qui a réuni 20 millions d’euros pour construire les bâtiments. Les frais de fonctionnement (10 % moins élevés que ceux des prisons publiques) et les 120 salariés sont payés par l’État.
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Source : La Croix
Ndlr. L’information date d’un certain temps déjà, mais nous a paru intéressante à reprendre, en lien notamment avec la dernière conférence organisée par l’Entente « CRISES – Fatalité ou opportunité ? »