Changer de religion est un crime dans 23 pays

Le 18 février 2015

1. L’apostasie : souvent un crime
C’est un droit fondamental énoncé dans l’article 18 de la Déclaration Universelles des Droits de l’Homme (1) et de la Convention Internationale des droits civils et politiques. Pourtant il est bafoué dans de nombreux pays et 23 Etats ont même adopté des lois visant à contrer ouvertement ce droit. On estime qu’environ 115,5 millions de chrétiens vivent dans ces pays. Ces lois les touchent particulièrement. Ceux qui quittent une religion majoritaire pour le christianisme, courent le risque de tomber sous le coup de lois anti-conversion, antiapostasie ou encore de lois punissant le blasphème. Dans le meilleur des cas, ces lois ne font que compliquer l’acte de changer de religion, dans le pire des cas, elles punissent de mort celui qui se convertit.

2. 23 pays, 23 risques de persécutions
Des lois condamnant l’apostasie et/ou la conversion existent dans les 23 pays suivants (2) : l’Afghanistan, l’Algérie, Bahreïn, Brunei, l’Egypte, l’Inde, l’Indonésie, l’Iran, l’Irak, la Jordanie, le Koweit, la Libye, la Mauritanie, le Maroc, Oman, le Pakistan, le Qatar, l’Arabie Saoudite, le Soudan, la Syrie, la Tunisie, les Emirats Arabes Unis et le Yémen. Tous ces pays figurent (où ont déjà figuré) dans l’Index Mondial de Persécution publié chaque année par Portes Ouvertes afin de recenser les 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés. La Syrie, l’Irak, l’Afghanistan, l’Arabie Saoudite, le Pakistan, l’Iran et le Yémen font même partie des 10 premiers pays du classement 2015. Dans la plupart de ces 23 pays, le principal mécanisme de persécution est l’extrémisme islamique dont l’objectif est d’amener le pays dans la « maison de l’islam », souvent par des moyens non violents, mais s’il le faut, en utilisant également la violence. En juin 2014, on a appris qu’un 24ème pays pourrait s’ajouter à cette liste. La Birmanie envisage à son tour d’adopter une loi qui condamnant les citoyens qui changent de religion. Cette loi sera discutée en mars prochain au Parlement birman. (Voir aussi Article d’éclairage Portes Ouvertes Info février 2015).

Meriam Yahia Ibrahim

Meriam Yahia Ibrahim

3. Quand la loi pousse au crime (Soudan, Arabie Saoudite, Pakistan, Inde)
Dans ces quatre pays, les lois restreignant la liberté religieuse des minorités sont autant de blancs-seings offerts aux persécuteurs pour discriminer les chrétiens et écraser toute tentative de libre expression de la part des croyances minoritaires.
Soudan : l’article 126 du code pénal soudanais fait de l’apostasie un crime, en affirmant que tout musulman qui déclare publiquement avoir adopté une autre religion se rend coupable d’apostasie et est passible de la peine de mort, à moins qu’il ne renie sa nouvelle foi. Le cas de Meriam Yahia Ibrahim, 27 ans, enceinte et emprisonnée au Soudan avec son fils de 2 ans a fait la une des journaux en mai 2014. (3)

Arabie Saoudite : le système juridique de l’Arabie Saoudite est fondé sur une interprétation de la charia, qui punit de mort les apostats.

Pakistan : c’est la loi anti-blasphème qui tient lieu de loi anti-apostasie, car toute personne qui quitte l’islam pour le christianisme risque d’être accusée de blasphème, un délit condamnable d’après la section XV, articles 295-298 du code pénal pakistanais. la loi concerne plusieurs offenses dont « profaner un lieu de culte, endommager le Coran ainsi que l’apostasie ». Les coupables encourent des amendes, des peines d’emprisonnement qui peuvent aller jusqu’à la prison à vie. Plusieurs Pakistanais ont été condamnés à mort pour blasphème, mais aucun d’eux n’a, pour l’instant, été exécuté.

Index persécution 2015Inde : le pays est souvent décrit comme un pays laïc qui respecte la liberté de religion. Cependant, en raison du système fédéral de l’Inde, le degré de liberté religieuse varie énormément d’un Etat à l’autre.(4) L’écrasante victoire du Bharatiya Janata Party de Narendra Modi aux élections législatives de 2014 semble porter un sérieux coup à la liberté de religion en Inde car, lorsque M. Modi était à la tête de l’Etat de Gujarat, il avait supervisé la mise en place d’une loi anti conversion, la « loi sur la liberté religieuse » (2008). Le but de cette loi était d’empêcher les conversions forcées, mais les nationalistes hindous l’utilisent pour faussement accuser les chrétiens de « pratique illégale » et lutter contre la progression des autres religions, en imposant notamment aux nouveaux convertis de déclarer leur conversion auprès des autorités locales sous peine de poursuites. Depuis quelques mois, le parlement indien discute de la mise en place d’une loi anti-conversion dans tout le pays.

4. Iran : plus de 90 chrétiens emprisonnés pour leur foi
Le code pénal iranien, adopté officiellement en janvier 2012, ne condamne pas spécifiquement l’apostasie. Il n’en reste pas moins que ceux qui quittent l’islam pour le christianisme se retrouvent devant les tribunaux pour d’autres chefs d’accusations utilisés comme prétextes. Ces chefs d’accusations sont par exemple : « atteinte à la sécurité de l’Etat », « outrage envers des fonctionnaires de haut rang », voire « insultes à la mémoire de l’imam Khomeini et insultes au chef suprême de la République Islamique ». Actuellement on compte au moins 92 chrétiens détenus en Iran en raison de leur croyance. Le crime d’apostasie est toujours plus au moins liés à leur arrestation : soit parce qu’ils ont quitté l’islam pour le christianisme, soit parce que l’expression de leur croyance risquerait de mener d’autres personnes à devenir chrétiennes.

5. Changer de religion : une liberté à défendre
Le droit de changer de religion est un des droits les plus fondamentaux auquel les êtres humains puissent prétendre. Tant qu’il ne sera pas accepté, des millions de convertis (pas seulement les chrétiens) souffriront de rejet, discrimination, emprisonnement, assassinats, exécutions…

Heiner Bielefeldt

Heiner Bielefeldt

Heiner Bielefeldt (5) , Rapporteur spécial sur la liberté de religion et de conviction des Nations Unies, a dénoncé les restrictions imposées à ceux qui se convertissent, déclarant que « dans différentes régions du monde, les nouveaux convertis rencontrent des difficultés à vivre en conformité avec leurs convictions » ; il mentionne les lois condamnant l’apostasie et le blasphème. Il termine son rapport avec des recommandations claires pour les différents acteurs internationaux : le scandale des lois contre l’apostasie, des lois anti-conversion et anti-blasphème nécessite, de la part des gouvernements nationaux et de la communauté internationale, des efforts sérieux et soutenus afin de s’assurer que l’article 18 soit garanti dans sa globalité, et que « la liberté d’avoir ou d’adopter des convictions de son choix » soit appliquée dans tous les pays du monde.

Références

1 Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.

2 Source : Global Legal Research Centre Laws Criminalizing Apostasy in Selected Jurisdictions, Mai 2014/Portes Ouvertes

3 Meriam Yahia Ibrahim Ishag est une chrétienne soudanaise accusée d’apostasie, en mai 2014 et condamnée à mort par pendaison. Elle a également été accusée d’«adultère», pour s’être mariée à un chrétien, Daniel Wani, et pour cela, condamnée à 100 coups de fouet. Le 24 juin 2014, la cour d’appel l’a jugée innocente des deux charges dont elle était accusée et a ordonné sa libération. Elle a pu quitter librement le Soudan le 24 juillet 2014.

4 Des lois anti-conversion sont déjà en place dans les Etats de Madhya Pradesh, Odisha, Arunachal Pradesh, Chhattisgarh, Gujarat et Himachal Pradesh.

5 Heiner Bielefeldt, Special Rapporteur on Freedom of Religion or Belief, “Elimination of all forms of religious intolerance – Interim report of the Special Rapporteur on freedom of religion or belief”, August 2012

Source : Portes Ouvertes

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