Relations avec les autres Églises

Des relations mouvementées… 

 

Dès leur origine, la plupart des Églises protestantes évangéliques ont été réticentes voire opposées aux relations avec les autres confessions chrétiennes, d’une part pour des raisons théologiques et doctrinales, et d’autre part du fait que les Églises traditionnelles étaient toutes liées au pouvoir politique. D’où l’appellation d’Églises « libres » longtemps utilisée en Alsace, mais aussi en Suisse et en Allemagne.

La première Eglise évangélique libre née à Zurich en 1525 d’une dissidence avec l’Eglise protestante dirigée par Zwingli, a été créée par plusieurs chrétiens qui refusaient que le pouvoir politique arbitre les débats théologiques. Cette farouche indépendance à l’égard des pouvoirs politiques a été suivie par les Eglises évangéliques, malgré les très fortes pressions exercées sur elles tout au long des siècles.

Cette indépendance leur a valut également une forte persécution, tant de l’Église catholique que des autres Églises protestantes (luthériennes et réformées). Nombre de réformateurs évangéliques sont morts sur le bûcher. Cette persécution, qui s’est poursuivie à des degrés divers et variables suivants les régions, jusqu’à la fin du XXe siècle (et qui existe encore aujourd’hui dans certaines parties du monde), explique en partie la grande prudence, voir l’opposition, de nombreuses dénominations évangéliques à l’œcuménisme, et cela tant au niveau national qu’au niveau international. Longtemps traitées de sectes, tant par le pouvoir politique que par les autres confessions chrétiennes, les églises évangéliques sont restées à l’écart de la sphère politico-religieuse.

C’est seulement à partir de la deuxième moitié du XXe siècle qu’un dialogue a été développé entre l’Église catholique et l’Alliance évangélique mondiale, puis avec les baptistes, et avec les mennonites. En France, le dialogue entre l’Église catholique et la Fédération des Eglises Évangéliques Baptistes de France (FEEBF) qui a donné lieu à la publication d’un rapport intitulé « Rendre témoignage au Christ ».

Renouveau charismatique
Le développement du Renouveau charismatique (issu du pentecôtisme évangélique aux USA) au sein des églises traditionnelles, notamment dans les années 1960-1970, permit de nombreux échanges très fructueux (par ex. aux Conventions charismatiques à La Porte Ouverte (Lux – 71) avec le pasteur Thomas Roberts, puis à Gagnières, …).

Si un certain nombre de rencontres interconfessionnelles ont vu le jour en France tout au long du XXe siècle, elles furent souvent isolées et le fait d’individus, parfois au niveau de fédération comme comme la Fédération des Eglises Évangéliques Baptistes de France, mais jamais à un niveau institutionnel pour l’ensemble des églises évangéliques.

Regard sur le Protestantisme Evangélique

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Ce n’est qu’en 1998 qu’un groupe de « Conversations catholiques / évangéliques » au niveau national a vu le jour (suite à une rencontre en 1996 entre Mgr Gérard Daucourt, alors Président de la Commission épiscopale pour l’Unité des Chrétiens, et du Pasteur Daniel Rivaud lors d’un rassemblement organisé par Jean Vanier en Alsace). Côté évangélique, des personnalités furent désignées par cooptation ; côté catholique, le groupe fut coprésidé par un évêque. Les travaux ont d’abord porté sur les questions éthiques, puis sur la recherche d’une meilleure compréhension des protestants évangéliques par les catholiques. Des premiers travaux sortira un Documents Episcopa « Regard sur le protestantisme évangélique» publié en 2005 (réédité en 2006). En 2007, l’Alliance Évangélique Française (AEF) institutionnalisait ce dialogue qui fut repris ensuite par le CNEF – Conseil National des Évangéliques de France – dès sa création en 2010.
Les travaux actuels tentent de répondre à la question : « Pouvons nous évangéliser ensemble ? », sous la forme de fiches dont la publication est en cours.

D’une manière générale, encore aujourd’hui, beaucoup de protestants évangéliques restent toujours réticents face au concept de l’œcuménisme et préfèrent parler de relations interconfessionnelles.

En Alsace, un dialogue existe à différents niveaux tant au niveau du protestantisme qu’avec l’Église catholique et les autres confessions chrétiennes. Les grands rendez-vous de prière annuels sont aussi des occasions de rencontres entre chrétiens de différentes sensibilités.

Qui sont les protestants évangéliques ?
Entretien avec Michel Mallèvre, dominicain, sur le protestantisme évangélique français
Croire.com du 26/03/2008