Théorie(s), études de genre, quelle attitude évangélique ?

Le 23 mars 2014

« Théories du Genre » « études de genre », ces termes suscitent l’inquiétude de beaucoup de chrétiens, surtout qu’on leur dit qu’elles font leur entrée à l’école primaire. Mais que recouvrent ces idées ? Ces inquiétudes sont-elles fondées ? Et sans doute le plus important : quelle attitude évangélique adopter – au sens de fondée dans l’Évangile – dans cette querelle du genre ?

Notre modèle, c’est Jésus : son amour pour les marginaux, lui qui va aller chercher ceux qui se sont le plus éloignés des normes de l’époque, prostituées et péagers, mais aussi son exigence de vérité et de changement de vie : « Va et ne pèche plus ». Cependant, s’il est d’abord venu annoncer une bonne nouvelle, il répond clairement quand les représentants d’institution mettent en péril le plan de Dieu pour la famille : « Rabbi, est-il permis de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ? » Et Jésus d’affirmer : « Au commencement, il n’en était pas ainsi ! » Jésus ne défend pas l’ordre social de l’époque mais le remet plutôt en cause au nom d’un ordre supérieur qui transcende les époques, un ordre originel bon pour les rapports hommes femmes, voulu par un Dieu aimant.

Théories, études de genres : de quoi parle-t-on exactement ?

On entend souvent dire dans les médias que la théorie du genre n’existe pas, il n’y aurait pas une théorie du genre mais des « études de genre », dont le but est d’abord de démonter les stéréotypes sociaux, surtout ceux concernant les femmes. Et là où on parlait autrefois d’« égalité des sexes », on parle maintenant d’« égalité des genres ». Mais, comme le fait remarquer le philosophe Jean-François Mattei, c’est déjà une option idéologique de neutralisation des sexes que de ne plus parler d’égalité des sexes mais d’égalité des genres. C’est cette neutralisation qui pose problème et non la simple analyse critique des inégalités hommes/femmes, des stéréotypes sociaux par les « études de genre ».

A l’origine, le « gender», qu’on a traduit par « genre » en français, est une classification psychologique pour décrire la différence de perception de certains enfants entre leur sexe biologique (« sex ») et la perception psychologique ou sociale (« gender ») qu’ils ont d’eux-mêmes ou que leur famille, leur entourage social ont d’eux. On pourrait parler de « rôle » dans le sens de rôle social. Ce décalage peut être dû à une ambigüité anatomique sur le sexe ou à un problème d’identité sexuelle : un garçon qui se sent fille.

Là où on peut parler de théorie, c’est sur l’interprétation qu’on donne de ce décalage entre fait biologique et perception : distinction ou dissociation, autonomie du sexe social par rapport au sexe biologique ? C’est la philosophe Judith Butler qui a tiré les conséquences les plus radicales du concept de « gender », en l’utilisant pour déconstruire ce qu’elle considère comme un ordre social hétérosexuel dominant et oppressif pour les minorités sexuelles. Certains ont affirmé qu’elle serait revenue sur ces thèses. Cependant, Judith Butler n’a jamais nié la réalité du sexe biologique ; si certains l’ont cru, ils l’ont mal comprise, mais elle continue néanmoins à relativiser fortement cette réalité biologique au profit de la réalité sociale. Judith Butler se défend de vouloir détruire la différence entre homme et femme ; pourtant, comme le fait remarquer Louis Schweitzer, « dissocier totalement biologie et orientation sexuelle revient à créer une humanité nouvelle » (L. Schweitzer, « Autour de la théorie du genre », texte non publié).

Ainsi, avant d’être une théorie, le genre est d’abord un concept qui permet de distinguer le sexe social du sexe biologique, mais ce concept a ensuite été utilisé comme un outil de lutte idéologique en faveur de l’affirmation des droits des homosexuels, ce qu’on ne peut l’ignorer, surtout après l’institution en France d’un mariage entre personnes de même sexe.

Connexion (site arrêté depuis)

___________________________________________________________

Pour aller plus loin :