L’altérité biblique inhérente au couple Dieu-humanité et au couple homme-femme

Le 2 janvier 2017

Pascal Geoffroy, pasteur réformé, a courageusement tenu tête à un mouvement à la dérive en matière d’éthique. Il nous présente dans son livre sobrement intitulé “Le Mariage. Éclairages bibliques” non pas une critique négative de l’homosexualité – c’est à dire une étude des passages allant directement à l’encontre de tels actes –, mais bien une critique “positive”. De fait, il ne fait « que » décrire combien la relation hétérosexuelle et par extension la dimension de l’altérité sont fondamentales non seulement dans le plan divin, mais dans la relation Homme-Dieu, Israël-Dieu et Église-Dieu. Ce faisant, il démontre avec brio le caractère tout à fait étranger à la révélation biblique qui caractérise l’homosexualité. Ou pour le dire avec ces mots :

“Bénir des mariages homosexuels ce serait […] occulter la révélation biblique principale. En effet […] la rencontre de Dieu et de l’humanité [reflétée dans la rencontre homme-femme] est au cœur de la révélation biblique. C’est […] dans la rencontre avec l’autre dissemblable qu’est la vie et la fécondité de la vie, contenue dans la bénédiction.”

Je vous laisse donc sans plus attendre avec un extrait du livre de Pascal Geoffroy traitant de l’altérité biblique inhérente au couple Dieu-humanité et au couple homme-femme comme témoin « contre » l’homogénéité homosexuelle :

La dimension de l’altérité tient une place importante dans la Bible 

“La dimension de l’altérité tient une place importante dans la Bible. Déjà la création est celle d’un monde distinct et distancié de Dieu. Le monde est extérieur à Dieu. Les premiers jours de la création sont marqués par des différenciations successives : le jour et la nuit, le sec et le mouillé, le haut et le bas, les animaux et l’humanité. À Babel Dieu multiplie et distingue les langues. Dieu semble aimer la différence et l’altérité dans tous les domaines de la vie. Il n’y a aucune fusion ni confusion légitimes entre le corps humain et l’Esprit de Dieu, qui sont pourtant appelés à s’unir en restant distincts. Il n’y a non plus aucune fusion ni confusion légitimes possibles entre l’homme et la femme également appelés à s’unir en restant différents.

Cette reconnaissance de l’altérité est cependant limitée, car elle n’inclut pas, par nature, la rencontre de l’altérité sexuelle

L’altérité peut être vécue dans une relation homosexuelle avec autant de joie et de tensions que dans une relation hétérosexuelle. Dans une relation homosexuelle, il s’agit d’une altérité personnelle où la rencontre amoureuse de deux êtres différents peut être source d’étonnement et d’admiration mutuels, de joie donnée et reçue. Cette reconnaissance de l’altérité est cependant limitée, car elle n’inclut pas, par nature, la rencontre de l’altérité sexuelle. Celle-ci est clairement désignée par les textes bibliques comme constitutive du premier couple et de ce que l’on peut dire à partir de la Bible à propos du mariage et de la procréation. C’est la possibilité de la fécondité sexuelle qui est bénie par Dieu en Genèse 1, 28, avec le premier couple emblématique. Le mot « altérité » peut donc recouvrir plusieurs réalités différentes, aussi j’emploie le mot « dissemblable » pour inclure la différenciation sexuelle et la possibilité de la fécondité.

Le texte biblique nous apprend que l’homme et la femme sont créés dissemblables et pourtant égaux, et égaux parce que dissemblables

Le texte biblique nous apprend que l’homme et la femme sont créés dissemblables et pourtant égaux, et égaux parce que dissemblables. Être égal c’est se considérer l’un l’autre avec reconnaissance tout en n’étant pas identiques. Il est nécessaire de distinguer nettement dissemblance et inégalité. Ce sont deux registres différents. L’égalité n’est pas le résultat d’une comparaison objective entre deux entités, mais elle est une qualité de la relation entre deux entités elles­-mêmes dissemblables. L’égalité entre les femmes et les hommes, ce n’est pas quand les hommes auront des enfants sans avoir de femme ou quand les femmes se passeront de compagnon pour concevoir. C’est une fausse conception de l’égalité celle qui voit en elle le fait de pouvoir faire les mêmes choses et d’être identique en droit, en possibilité et en fait. Dans cette conception de l’égalité, toute différence est vécue comme un préjudice à réparer. Être égal, ce n’est pas être comme l’autre, c’est au contraire accepter que l’un et l’autre soient différents. Être égal l’un de l’autre, c’est s’inscrire dans une relation mutuelle de reconnaissance bienveillante où les limites, les possibilités et les impossibilités de l’un sont complétées par d’autres limites et d’autres possibilités et impossibilités de l’autre.

La différenciation et l’union sexuelle ne sont pas faciles à vivre pour tous, mais c’est là une donnée créationnelle que l’on ne peut effacer.

La différenciation et l’union sexuelle ne sont pas faciles à vivre pour tous, mais c’est là une donnée créationnelle que l’on ne peut effacer. Bénir des mariages homosexuels ce serait cautionner une fausse conception de l’égalité. Ce serait surtout enlever de tout impact aux textes bibliques […] et occulter la révélation biblique principale. En effet, si la rencontre de Dieu et de l’humanité est au cœur de la révélation biblique, alors bénir des unions homosexuelles, serait comme bénir le fait que Dieu se marierait avec une déesse en se détournant de l’humanité ou comme bénir le fait que l’humanité resterait avec elle-même pour assumer seule sa condition et sa destinée, sans égard pour Dieu. C’est au contraire, dans la rencontre avec l’autre dissemblable qu’est la vie et la fécondité de la vie, contenue dans la bénédiction.”

Geoffroy, P., Le Mariage. Éclairages bibliques, Tournus, Éditions Passiflores, 2015, p. 90-92.

Timothée Davi

Source : Info Chrétienne

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