Un chrétien peut-il voter pour le « moindre mal » ?

Le 20 avril 2017

Le vote chrétien doit-il se déterminer uniquement sur la position des candidats concernant les normes fondamentales qui constituent le socle moral de la société ? La réponse est non. Ce point de vue n’est pas soutenu par la tradition biblique et chrétienne de la responsabilité politique. Le seul critère est celui du bien commun, qui suppose la référence à ces normes intangibles, mais qui ne fonctionne pas comme un catalogue de principes.

En l’état de la société, une approche moraliste absolue ne peut conduire qu’au retrait de la vie politique, ce qui serait une fuite, immorale en elle-même. Au sens strict, seules les atteintes à la liberté de conscience et de religion, qui empêchent de témoigner de la vérité, justifient la dissidence politique.

En conscience, un chrétien estimant que le respect des principes non-négociables de la vie commune (la dignité de la personne humaine et le respect de sa vie, la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, la liberté d’éducation, la liberté religieuse et de conscience) considérés dans leur ensemble, serait gravement mis en cause par tous les candidats, pourrait choisir la voie de l’abstention ou du vote blanc.

Mais cela doit signifier qu’aucune perspective d’action publique en faveur du bien moral n’est possible en cas d’élection d’un des candidats présentés. En outre et surtout, l’électeur doit peser sa décision pour s’interroger sur les conséquences de son vote, qui reste un acte politique, même s’il veut lui donner un caractère prophétique : à qui profitera son absence de choix, ne va-t-il pas contribuer à aggraver la situation ?

Des raisons proportionnées

Comment donc concilier le respect de ses principes dans les conditions de leur mise en œuvre avec la réalité politique ? Cela relève de la voie prudentielle. Un chrétien partageant les mêmes réserves que l’abstentionniste est autant légitime à choisir de coopérer à l’élection d’un candidat imparfait, a fortiori si cela permet d’offrir davantage de marges de manœuvre ultérieures pour agir au service du bien commun.

Deux conditions doivent être cependant réunies :
1/ le vote ne peut être dicté par l’approbation des imperfections du candidat ni par le soutien que celui-ci apporterait à des mesures contraires à l’enseignement de l’Évangile. Ce serait en ce cas une coopération formelle au mal, ce qui ne peut être accepté ;
2/ le vote doit être dicté par des raisons d’agir positives en vue d’un bien moral dans lequel il s’engage, autrement dit par des raisons « proportionnées » aux circonstances. Il s’agit en ce cas d’une coopération matérielle (indirecte) et non formelle : l’électeur ne choisit donc pas un « moindre mal » (qui serait légitimé en tant que mal), il adopte une option qui lui permet de rechercher un bien à travers des moyens imparfaits, c’est-à-dire un mal toléré faute de pouvoir l’éliminer.

Le premier critère est donc la finalité, qui doit dépasser la question du vote lui-même.

La question de l’avortement

Prenons un exemple sensible : est-il possible de voter pour un candidat favorable à l’avortement ? Il n’est jamais acceptable de voter pour un candidat « pro-choix » en raison de la position de ce candidat en faveur de l’avortement légal, mais qu’il peut être acceptable pour un chrétien de voter pour un candidat « pro-choix » s’il existe des « raisons proportionnées ». L’électeur doit fonder son vote sur ces raisons proportionnées et non pas sur les convictions « pro-choix » du candidat.

C’est un jugement de prudence politique. (…) Il y a des candidats qui ne croient pas possible de rendre l’avortement illégal, mais qui soutiennent des mesures efficaces pour protéger les familles et pour réduire les avortements en apportant une aide réelle aux femmes enceintes.

L’électeur peut légitimement préférer le candidat dont il estime que l’élection entraînera une dynamique politique qui permettra d’obtenir plus facilement des résultats concrets en faveur d’une culture de vie.

Source : Aleteia

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