Quand l’humain n’est plus qu’un vivant parmi d’autres

Le 1 octobre 2020

Le sens du ridicule et de la dérision n’a pas disparu, heureusement, de notre débat public, malgré les censures multiples que mettent en place ou cherchent à instaurer dans nos démocraties diverses minorités d’activistes arrivées au pouvoir par défaut. A peine le nouveau maire écologiste de Bordeaux avait-il expliqué qu’il n’y aurait pas de sapin de Noël à la mairie car il s’agissait d’ « un arbre mort » que les réseaux sociaux se déchaînaient. Parmi bien des messages spirituels, mon préféré est la dénonciation du meurtre d’une carotte retrouvée nue et mutilée dans la cuisine de la Mairie…

Cependant, le rire n’est durablement correcteur qu’au sein d’une société où domine la libre discussion. Or nous vivons dans une époque idéologisée, où certaines opinions sont défendues par des gens totalement dénués de sens de l’humour et socialement coupés de la majorité de leurs concitoyens. Un débat raisonnable est impossible. Comment faire comprendre à Pierre Hurmic qu’une opinion personnelle, qu’il partage avec un petit groupe d’activistes, peut d’autant moins être imposée qu’il a été élu avec 18% des électeurs inscrits au second tour du fait d’une abstention record. Moins d’1 électeur sur 5! Au premier tour, le même n’a rassemblé que 12% des électeurs inscrits!

Crise de la démocratie

La réalité, c’est que beaucoup des opinions que l’on voudrait nous proposer comme dominantes et d’avenir sont le fait de minorités dont le statut social et les moyens économiques leur permettent de vivre à proximité des leviers du pouvoir. La crise de la démocratie, dont on parle souvent, n’est pas le fait des populistes – qui tiennent encore à la notion de majorité et de légitimité des décisions.  Leurs slogans, souvent simplificateurs, ne sont que la conséquence de la crise du débat dans les élites. En fait, la crise de la démocratie a commencé il y a une génération lorsque celles-ci ont cessé de débattre entre elles et ont laissé émerger une pensée unique. L’effondrement entre 2007 et 2009, des certitudes économiques de la classe dirigeante, a conduit non pas à une tentative de réconciliation avec les classes populaires mais à une scission au sein du débat élitiste: les uns s’accommodent plus ou moins d’un rafistolage de la pensée unique; les autres pratiquent la fuite en avant idéologique. C’est ainsi que l’on voit aujourd’hui l’électorat de la « France des métropoles » hésiter entre le bricolage macronien et différents types de gauchismes.

Nous assistons en effet depuis une dizaine d’années à la multiplication des revendications idéologiques gauchistes. Idéologie du genre et tentatives d’inscrire dans la loi la moindre nuance d’individualisme sexuel, antiracisme et revendication d’un statut de victime pour des groupes à l’identité auto-proclamée, collapsologie environnementale et volonté d’imposer des modes de vie formatés quel que soit le milieu envisagé, antispécisme comme celui qui préoccupe le maire de Bordeaux, où ce ne sont plus seulement d’hypothétiques droits des animaux mais aussi des végétaux qu’il s’agit de prendre en considération.

Antispécisme, attention dangers

Attardons-nous quelques instants sur cet antispécisme qui ne s’était pas encore fait remarquer avec cette virulence ces derniers mois où dominaient la question du droit à l’enfant pour tous les modes de vie et celle de l’antiracisme. Voilà que Pierre Hurmic apporte de la variété dans les délires idéologiques.

Nous voyons émerger un autre monde cauchemardesque possible, dont les promoteurs sont tout aussi imperméables à la critique que les défenseurs de 50 nuances de genre ou les indigénistes et non moins insensibles à la correction par le rire. L’antispécisme est porteur des mêmes dangers que ses cousins idéologues. Les mêmes individus portent d’ailleurs les revendications gauchistes, chacun mettant l’accent où il préfère.

1 – Indifférence aux revendications économiques et sociales

Revendiquer des droits pour les animaux et les arbres conduit autant que le collapsisme climatique, l’antiracisme ou le genrisme à se désintéresser des grandes questions économiques et sociales. La réalité de notre pays a été montrée par le soulèvement des Gilets Jaunes fin 2018. Entre-temps, le mouvement a été en partie brisé par la violence, en partie récupéré par des gauchistes qui l’ont fait sombrer dans la violence. Et nos modernes idéologues grand-urbains ont pu, après quelques semaines de peur sociale, reprendre leurs débats en toute tranquillité.

2 – Négation des fondements de la démocratie

Il vaudrait la peine de mettre en regard tous les appels de gens éclairés à écraser les Gilets Jaunes, comme des gens n’appartenant pas à l’humanité et les revendications antispécistes. On aboutirait au constat que les revendications économiques et sociales légitimes de certains de nos frères humains sont déboutées par une nouvelle bourgeoisie qui camoufle volontiers sa conscience de classe derrière les droits imaginaires de tous les êtres vivants. Il est évident que, plus profondément que les grandes questions sociales que l’on écarte, ce sont les droits de l’Homme que l’on met en danger. La démocratie ne peut fonctionner que sur le principe de l’égalité de tous les êtres humains. « Un homme, un vote ». Si l’être humain ne possède pas des droits à la différence du reste des vivants, alors on aboutit vite à la possibilité de mettre animaux et végétaux au-dessus de certains humains. La conscience de classe d-un.Pierre Hurmic le conduit à se préoccuper plus des sapins de Noël que des Français qui vivent dans la pauvreté. A partir de là, les pires dérives sont possibles. Vous choquerai-je en rappelant que les nazis étaient à la fois antisémites, racistes et antispécistes? Eh bien considérez le nombre de députés de la majorité LREM qui ont voté le récent projet de loi bioéthique – transhumaniste, ouvrant la voie au trafic d’êtres humains et soutenant la possibilité de fabriquer des chimères animal/homme mais aussi de pratiquer l’avortement au 9 è mois de grossesse.  Nous voici plongés dans une confusion morale totale qui amène le reniement du pacte de 1945 – plus jamais une destruction comme le nazisme!

3 – Une société sans avenir

Plus profondément encore, ce que révèle la cause des droits des animaux et du règne végétal, c’est la perte du sens. Notre société ne sait pas où elle va. Il n’y a plus de sens à l’aventure collective des Français.  A force de vouloir définir ce qu’est le progrès, les progressistes nous proposent une série de régressions: individualisme toujours plus exacerbé des mœurs qui débouche sur l’esseulement complet des individus – lisez Houellebecq; instrumentalisation des crimes du passé au point d’enfermer les individus dans une culpabilité ou une revendication permanentes qui rongent le sentiment d’appartenance à une même société; collapsologie climatique ou environnementale qui prive les jeunes de tout espérance dans un progrès authentique et détruit la notion de transmission mais aussi celle de responsabilité.  L’antispécisme participe de la même logique. Il consiste à nier les traditions populaires (le sapin de Noël), les pratiques ancestrales (la chasse); dans une société individualiste où l’on passe facilement de la croyance trop optimiste dans la bonté de l’être humain à la misanthropie généralisée, l’antispécisme est un puissant dissolvant de l’éducation en général et de la formation à la démocratie en particulier. Un enfant qui voit un adulte préférer son chat aux humains qui l’ont tant déçu ou qui est empêché de jouer au foot dans un parc public par un groupe de méditants qui veulent embrasser les arbres, est empêche de grandir, perd l’idée de ce qui sépare son monde de celui de l’adulte. Comme tous les gauchismes depuis Rousseau, l’antispécisme relève du narcissisme et de la fixation infantile. Il détruit le lien social et désagrège la société.

La négation de la liberté qui est le propre de l’Homme

Il est très significatif que Pierre Hurmic s’en soit pris au sapin de Noël de sa mairie.  Pourrait-il indiquer mieux le refus des croyances populaires, de la transmission mais aussi de tout ce qui structure un imaginaire enfantin? Pourrait-il indiquer mieux son refus de vivre en société? Jamais on n’avait autant parler de vivre-ensemble et jamais on n’avait autant maltraité l’être humain, cet ‘animal politique « . Car ce qui se joue, c’est en fait la possibilité de la société politique, de la démocratie en ce qui nous concerne.  Mettre l’humain sur le même plan que le reste du vivant c’est l’amputer de ce qui le constitue et le rend supérieur au reste du vivant qu’on le veuille ou non, la capacité à faire société, à s’organiser pour choisir librement son avenir.

Source : Atlantico

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