Peut-on ne pas croire en Dieu dans la France de 2017 ?

Le 23 janvier 2017

Oui, bien sûr ! C’est même en France l’attitude aujourd’hui la plus commune. Mais ce qui est nouveau, c’est qu’il y a aujourd’hui de multiples manières de ne pas croire : autrefois, on était ou athée, ou bien croyant. Désormais, on parle des non croyances. Et ces non-croyances nous en disent, au fond, autant sur notre rapport à la religion que les croyants. D’ailleurs, c’est ce sujet de la non-croyance qu’a choisi, l’an dernier, l’Association Française de Sciences sociales des Religions, comme thème de son colloque annuel.

Ne pas croire, cela a toujours existé ?

Non, au regard de l’histoire, c’est tout récent. On peut dire que jusqu’au milieu du XIXe siècle, en France, il ne faisait pas bon de ne pas croire en Dieu.

Certes, on a eu des philosophes grecs qui ont remis en cause l’idée même des Dieux pour expliquer l’univers. Mais c’est une opinion très minoritaire. Et la pensée déiste a longtemps dominé le monde. Ne pas croire en Dieu, au Dieu de son roi ou de son pays, c’était immédiatement s’exclure, c’était impossible. En France, le premier athée, au sens moderne de ne pas croire en Dieu est un… prêtre : l’abbé Jean Meslier, mais qui ne l’a pas dit de son vivant ! Il est mort en 1729, et c’est Voltaire qui va publier ses écrits, où il remet en cause radicalement l’existence de Dieu. Ce qu’il a soigneusement caché à sa paroisse, dans les Ardennes, dont il fut curé 40 ans, jusqu’à sa mort… Car il aurait sans doute risqué la condamnation à mort ; en 1766, le chevalier de la Barre fut torturé à mort pour ne pas s’être signé devant une église et découvert durant une procession religieuse. Il faut d’ailleurs rappeler qu’il y a aujourd’hui beaucoup de pays où il est impossible de ne pas croire, du moins ouvertement, et que l’on risque la mort, pour blasphème. En France, l’athéisme moderne va commencer à progresser à partir de la fin du XIXe siècle. C’est un athéisme convaincu.

L’Athéisme moderne c’est important en France ?

En France, oui, il est même très important : environ 15-20% de la population, c’est de loin le pays où ce taux est le plus fort, bien plus que dans les autres pays européens sauf Tchéquie, et l’ancienne Allemagne de l’Est). Sans doute dû à notre tradition très forte de laïcité.

L’athéisme convaincu, c’est la personne qui ne croit pas en Dieu, et même qui pense que la religion est une mauvaise chose, qu’il faut s’en débarrasser. Certains sont allés jusqu’à copier les rites religieux pour créer des formes de religions sans Dieu : c’est le cas des « Sunday Assembly », née à Londres, et qui existent dans un certain nombre de grandes villes, y compris à Paris, et rassemblent pour certaines plusieurs centaines de personne le dimanche : on chante, on se retrouve, on lit des textes philosophies mais en réalité, c’est très inspiré du modèle chrétien évangélique dans le style. L’athéisme devient alors une forme de religion. D’ailleurs, dans certains pays, il est reconnu au même titre que les religions : en Belgique, par exemple, où les religions sont subventionnées par l’État, la laïcité organisée bénéficie aussi de l’aide de l’État et d’un statut.

Cet athéisme progresse en France ?

Non, ce n’est pas du tout ce qui augmente en ce moment. En revanche, la catégorie qui progresse réellement, ce sont les « indifférents » : ils ne s’opposent pas à l’idée de Dieu, ne cherchent pas à savoir, mais ce qui ne veut pas dire qu’ils n’auront pas, un moment ou un autre, un comportement religieux comme brûler un cierge. Cela va avec la sécularisation, mais cette évolution ne condamne pas la religion, qui peut resurgir, à un moment de la vie, sous forme d’un événement, d’une rencontre, puis disparaître ensuite. En France on a deux groupes minoritaires, les athés (15%) les croyants pratiquants (10%), et entre les deux, il y a un « marais », de plus en plus mouvant, indéterminé. Avant c’était simple : on allait à la messe, ou bien on refusait d’aller à la messe. Désormais, c’est très complexe : certains vont inventer leur propre manière de croire, très loin d’une institution précise, d’autres auront des périodes de foi, puis vont laisser tomber… D’autres se diront volontiers d’un groupe religieux, mais ne pratiquent jamais.

Résultat : il est de plus en plus difficile de dire ce qu’est la croyance, et de tracer une limite entre croyance et non croyance. Un sondage récent montrait que sur les personnes se déclarant catholiques, moins de la moitié disait ensuite croire en Dieu… Donc il faut distinguer entre être croyant, et avoir la foi. Et aussi pour finir, ne pas oublier que le doute même peut faire partie de la foi. Mère Teresa de Calcutta, pourtant reconnue comme sainte par les catholiques, est une personne qui pendant 50 ans de sa vie a douté, a connu ce qu’elle appelait « une nuit profonde de la foi ».

Source : France Inter

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