En ouvrant la possibilité de pratiquer une bénédiction liturgique des couples de même sexe, le synode de l’Église Protestante Unie a pris, le 17 mai 2015 à Sète, une décision consternante. Le Conseil national des évangéliques de France redoutait un tel choix, mais a été surpris par le vote massif des délégués synodaux en sa faveur.
Précédée par toute une réflexion sur le sens de la bénédiction, cette décision repose néanmoins sur des choix contestables. Le premier d’entre eux, c’est de confondre le souci louable d’accueillir en Église les personnes homosexuelles avec la bénédiction d’une pratique condamnée sans équivoque par la Bible. C’est ensuite de faire de la b é n é d i c t i o n u n s i m p l e accompagnement de la volonté des personnes demandeuses au lieu d’en faire une occasion pastorale de découverte, avec elles, de la volonté de Dieu. C’est enfin de promouvoir une grâce à bon marché bien éloignée de l’Évangile de Jésus-Christ et de ses exigences en matière d’éthique de vie. Pour toutes ces raisons, alors qu’il est interrogé par de nombreux médias, le Conseil national des évangéliques de France juge nécessaire de rappeler que tous les protestants n’approuvent pas cette décision, en particulier les protestants évangéliques qui représentent plus de 70% des p r a t i q u a n t s r é g u l i e r s d u protestantisme en France. Pour autant, ces derniers ont le souci d’accueillir dans leurs Églises toutes les personnes, quel que soit leur arrière-plan social, culturel, religieux voire leur orientation sexuelle.
Mais ils ont soin de préciser qu’accueillir ne veut pas forcément dire cautionner. En outre ils ne veulent pas simplement suivre les tendances de la société, mais exprimer, à l’exemple des premiers Réformateurs, une voix libre. Leur préoccupation est avant tout d’appeler tout homme et toute femme à se convertir à Jésus-Christ, puis de les accompagner, avec sensibilité et respect, en les aidant à vivre selon l’Évangile. Nul doute que la décision de l’Église Protestante Unie marquera de façon négative les relations qu’elle entretient avec les protestants évangéliques et compliquera aussi les relations avec les autres Églises.
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Déclaration de l’Entente des Églises Protestantes évangéliques de l’Eurométropole de Strasbourg
L‘Entente des Églises Protestantes évangéliques de l’Eurométropole de Strasbourg exprime sa grande tristesse suite à la décision prise par le synode de l’Église Protestante Unie de France (EPUdF) d’autoriser les paroisses de l’EPUdF qui le souhaitent à bénir les couples de même sexe.
Cette décision augmente encore le clivage au sein du protestantisme entre la branche traditionnelle et la branche évangélique. Mais pas seulement, car au sein même de l’EPUdF, ainsi que dans l’UEPAL où l’Assemblée de l’Union avait décidé, en juin l’année dernière, de surseoir jusqu’en 2017, de nombreux fidèles comprennent de moins en moins une telle décision en rupture avec la compréhension de la Bible telle que la Réforme l’a promue. Elle implique notamment une remise en question de l’anthropologie biblique et de sa conception du couple hétérosexuel.
Accueillir des personnes de même sexe en couple, n’implique pas nécessairement de satisfaire leur demande de recevoir la bénédiction de Dieu sur leur union.
Aussi, poser des repères, des distinctions et des limites, ce n’est pas exclure ni être « homophobe ». « D’ailleurs un « non » peut être aussi structurant pour la société que pour les personnes. Dire « oui » pour suivre le mouvement général de la société qui confond égalité et indifférenciation et raccrocher le wagon de l’Église au train du « Mariage pour Tous », c’est condamner nos Églises à l’insignifiance.
Si nous tenons le même discours que le monde qui nous entoure, cela ne veut-il pas dire que nous n’avons plus rien à lui apporter ? »(1)
Nous croyons à l’Évangile de la grâce en Jésus-Christ qui est offert à tous. Tous les jours des hommes et des femmes le découvrent dans nos communautés et voient leur vie changer. Mais cette grâce, et donc la bénédiction qui en découle, ne peuvent pas être données au gré des décisions des hommes et de l’évolution de la société.
C’est Dieu qui a l’initiative de la grâce…. pour accueillir, pardonner les pécheurs, leur permettre de changer et mener une vie en accord avec sa Parole.
(1) Citation de Stéphane Kakouridis, pasteur de l’UEPAL lors d’un débat au Temple Neuf le 12/01/2014
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