L’esclavage moderne progresse en Europe

Le 4 mai 2018

Multiforme, l’esclavage moderne touche aujourd’hui 46 millions de personnes dans le monde, selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Walk Free. Dans sa conception contemporaine, la pratique « désigne la traite des êtres humains et les formes d’exploitation inhérentes » (1). Cette activité criminelle très lucrative générerait un profit de près de 3 400 € par victime et par an. Alors qu’il gangrène tout le globe, et notamment l’Asie, le phénomène présente désormais une caractéristique marquante : la forte régression de l’Europe.

En 2017, selon une étude publiée par Verisk Maplecroft, un cabinet britannique de conseil en gestion des risques, le risque d’esclavage moderne a en effet explosé dans les trois-quarts des pays de l’Union européenne. La recherche, qui évalue 198 pays selon la force de leurs lois, l’efficacité de leur application et la gravité des violations, montre des signes inquiétants de hausse de pratiques esclavagistes dans pas moins de 20 pays européens. En toile de fond, pour la majorité : l’arrivée massive de migrants.

À chaque fois, le cercle est le même. Lorsqu’ils quittent leur pays, ces derniers s’endettent auprès des passeurs – dont 20 % sont liés à la traite des êtres humains, selon Europol – qui leur permettent de franchir les frontières, et se retrouvent alors livrés à des particuliers et à des entreprises qui les exploitent quand ils arrivent en Europe.

Une explosion des violations dans 5 pays européens

La situation apparaît particulièrement préoccupante en Roumanie, en Grèce, en Italie, à Chypre et en Bulgarie, principaux points d’entrée des 100 000 migrants arrivés en Europe par la mer en 2017. Les pires violations signalées dans l’UE sont recensées en Roumanie et en Italie, pour leurs formes sévères de travail forcé, de servitude et de traite des êtres humains.

La Roumanie a même connu la pire détérioration à l’échelle mondiale : au sein de l’index qui classe les pays par ordre de risques liés à l’esclavage (le premier rang étant dévolu au plus haut risque d’esclavage), le pays a ainsi grimpé de 56 places en un an, passant du 122e au 66e rang. L’Italie, qui a reçu sur ses terres 85 % des migrants arrivés par la mer en Europe, est quant à elle montée de 16 places.

En Grèce, si les arrivées de migrants ont diminué de façon spectaculaire depuis la signature de l’accord UE-Turquie en 2016, le pays en accueille toujours un nombre considérable et demeure une destination clé pour la traite des êtres humains, se classant, à ce titre, encore moins bien que l’an dernier.

Selon les auteurs de l’étude, la présence de populations migrantes vulnérables dans ces points d’entrée contribue ainsi à l’augmentation de l’esclavage dans de multiples secteurs tels que l’agriculture, la construction et les services. « La crise des migrants a augmenté le risque d’esclavage dans les chaînes d’approvisionnement des entreprises en Europe », alerte Sam Haynes, analyste dans le domaine des droits de l’homme.

À lire : l’esclavage aujourd’hui en France, une réalité.

Les grandes économies de l’UE également touchées

Même les plus grandes économies de l’Union européenne ne sont pas à l’abri de la hausse du risque d’esclavage. En l’espace d’une année, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont ainsi passés de la catégorie « faible risque » d’esclavage à la catégorie « risque moyen ». Par ailleurs, des lacunes ont été pointées du doigt dans l’inspection du travail au Royaume-Uni, tandis que l’Allemagne a connu une augmentation des cas de traite et de servitude.

« Ce fléau n’épargne aucun pays » rapporte de son côté le Comité contre l’esclavage moderne. Bien que la France ne fasse pas partie des 20 pays européens où la hausse des violations a été constatée, le CCEM n’en fait pas non plus un pays modèle en la matière. « En France, cette nouvelle servitude se retrouve notamment dans l’esclavage domestique, les ateliers clandestins, la mendicité forcée et la prostitution forcée ».

En 2016, un rapport de la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) épinglait la France, estimant qu’elle ne consacrait pas suffisamment de moyens à la lutte contre la traite et l’exploitation des êtres humains, en dépit d’un Plan d’action national adopté par le gouvernement en 2014.

Bérengère Margaritelli

(1) Définition de l’Organisation internationale contre l’esclavage moderne.

Source : La Croix

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