Le clonage au cœur des questions de bioéthique

Le 27 février 2018

A l’heure où s’ouvraient les Etats généraux de la bioéthique en France, la nouvelle d’une prouesse scientifique de taille nous parvenait de Chine. Pour la première fois, des chercheurs de ce pays étaient parvenus à cloner et faire naître des primates non humains. Des cousins en somme. La coïncidence entre ces deux événements était fortuite, mais les commentaires ne le furent pas. Ils établirent le lien entre clonage et bioéthique. Et pour cause. Des raisons historiques et philosophiques placent le clonage au cœur des questions de bioéthique.

Transformer des embryons humains en matériaux de laboratoire

Historiquement, le clonage de la brebis Dolly en 1997 fut un événement si troublant qu’il conduisit en pratique à repousser la révision de la première loi de bioéthique de 1994 qui aurait dû intervenir en 1999 et ne fut conduite à son terme qu’en 2004. Fallait-il ou pas autoriser le clonage humain ? La France fit le choix de renoncer au clonage mais en même temps celui d’accepter l’expérimentation sur l’embryon surnuméraire dépourvu de projet parental. Cette option habile revenait pratiquement à la même chose dès lors qu’il s’agissait, dans les deux cas, de transformer des embryons humains en matériaux de laboratoire.

On a oublié les extravagances qui s’exprimèrent en faveur du clonage à l’époque. En 2004, le biologiste sud-coréen Hwang publia un article dans la revue Science démontrant qu’il était parvenu à créer des clones humains. Ses épigones parisiens avaient déjà anticipé une nobélisation française aux Folies Bergères où il devait être sacré « homme de l’année ». Puis, on découvrit que le scientifique avait soustrait des ovules à ses collaboratrices et falsifié ses résultats. Il fallut décrocher les lampions. Mais le coup de grâce fut donné en 2007 avec la découverte par le Pr Yamanaka des cellules souches reprogrammées qui ruinait l’intérêt du clonage, aux dires même du Pr Ian Wilmut, le père de Dolly.

Plus de dix ans après ces événements, l’avenir du clonage semble passé des troupeaux de moutons à l’armée des singes. Evolution remarquable. Le clonage, qui avait fonctionné sur différentes espèces, échouait sur le singe. Du franchissement de cette étape majeure la recherche tirera grand profit pour créer des modèles de pathologie et tester des molécules. Mais il y a mieux et moins cher. Le clonage chez l’homme redevient un objectif atteignable, souhaitable, rentable. Il constitue enfin une alternative aux tests chez l’animal dans le développement de médicaments. Une réponse aux revendications des mouvements de défense des animaux.

L’homme, cet animal qui s’ignore, ne jouit d’aucune prééminence

A cet effet, le clonage permettra de fabriquer des embryons humains réservés à un usage scientifique. Les réticences bioconservatrices se briseront sur la rationalité de l’antispécisme. Tout le monde sait que – homme ou singe – nous ne sommes que des maillons dans ce généreux foisonnement du vivant. Que l’homme, cet animal qui s’ignore, ne jouit d’aucune prééminence. Qu’entre le représentant d’une espèce surpeuplée et celui d’une espèce menacée, le choix est fait. Si l’homme descend du singe, il serait bien inspiré de lui renvoyer l’ascenseur. Car l’homme est l’avenir du singe.

Et c’est ainsi que le transhumanisme est grand.

Article publié initialement dans le magasine Valeurs actuelles sous le titre : Chronique du transhumanisme : « Gare au gorille ».

Source : Généthique

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