De plus en plus de Français ne croient plus en Dieu

Le 31 mai 2019

Et la religion dans tout ça ? Avec l’incendie de Notre-Dame, les débats sur le burkini et la polémique récurrente sur les « racines chrétiennes » de la France, on pourrait croire que les religieux sont légion chez nous. Pourtant, la religion recule. En France, aujourd’hui, la moitié des adultes déclarent croire en Dieu, une légère baisse depuis dix ans. Mais, sans mauvais jeu de mots, le diable est dans les détails, et c’est vrai aussi de la pratique religieuse. Heureusement, pour nous aider à y voir plus clair, nous bénéficions des analyses de Claude Dargent et Olivier Galland. Le premier est professeur de sociologie, spécialiste du fait religieux ; le second est sociologue, et sa recherche porte sur les jeunes et leurs valeurs.

Historiquement, la France est un pays catholique, la « fille aînée de l’Église ». Cette religion reste celle d’une majorité relative de nos compatriotes, mais elle périclite. 7 % des personnes interrogées seulement se rendent à la messe au moins une fois par mois, contre 9 % en 2008. Au total, on compte, en 2018, 32 % de catholiques en France, dont 19 % ne sont pas pratiquants. C’est-à-dire qu’ils ne vont pas à l’église même pour les grandes fêtes (Pâques, Noël…), tout en se considérant comme catholiques. Pourtant, en 1981, on comptait encore 70 % de catholiques en France, dont 17 % de pratiquants réguliers, et 41 % de non-pratiquants.

Un écart générationnel

Que s’est-il passé ? Il y a tout d’abord un écart générationnel important : les catholiques pratiquants représentent moins de 3 % des 18-29 ans contre 16 % chez les 70 ans et plus. Ceux qui gardent une pratique religieuse du catholicisme sont surtout directeurs, cadres de direction et gérants, ou dans des professions intellectuelles et scientifiques. Il faut, par ailleurs, nuancer le désamour des jeunes pour l’Église catholique romaine. Si moins d’entre eux se déclarent religieux, ceux qui le sont revendiquent un niveau de religiosité plus important que leurs aînés, c’est-à-dire que le sentiment religieux est plus fort qu’avant chez ceux qui ont la foi.

Du côté des autres groupes religieux, assiste-t-on au même phénomène de désamour ? Oui et non : la proportion des personnes pratiquant une « autre religion » a triplé en quarante ans, passant de 3 à 10 % de la population adulte. Les minorités religieuses installées depuis longtemps en France (judaïsme et protestantisme) régressent, en revanche, les églises évangéliques croissent et comptent 1,6 % de la population française parmi leurs fidèles. Les religions orientales (bouddhisme, hindouisme) et le christianisme orthodoxe représentent moins de 0,5 % de la population chacune. En France, tous ces cultes restent donc relativement marginaux !

La plus grosse minorité religieuse est, sans surprise, l’islam, avec 6 % des personnes interrogées. La proportion monte à 14 % des personnes déclarant une religion. On compte même autant de musulmans que de catholiques chez les 18-29 ans ! Les musulmans sont aussi plus urbains : ils représentent 13 % de la population des grandes villes, soit plus du double de la moyenne nationale. Par ailleurs, ils accordent une plus grande importance à la religion dans leur vie que les autres groupes religieux. Un musulman sur deux prie en effet tous les jours, dont une petite majorité de femmes.

Les non-croyants en tête

Mais aucune de ces religions n’est représentative du gros de la population française. En effet, la part des « sans-religion », donc des athées, des agnostiques ou des déistes, est passée de 27 à 58 % de la population française en quarante ans. Il s’agit d’un groupe très hétéroclite, mais qui représente aujourd’hui la majorité absolue de la population française. En 2018, il y a 21 % d’athées convaincus, plus du double qu’en 1981 ! Les hommes sont plus souvent athées que les femmes. En revanche, ni le fait de vivre dans une grande ville ni celui d’avoir fait de longues études ne sont une garantie d’être moins religieux. Au contraire, les grandes agglomérations sont plus religieuses que le reste du territoire français.

Les « sans-religion » qui ne se considèrent pas comme athées passent de 18 à 37 % de la population sur quarante ans. Il est important de noter qu’une petite moitié des « sans-religion » a été élevée dans une famille pratiquante, le plus souvent catholique. Il s’agit donc pour eux d’une émancipation des pratiques religieuses de leur famille.

Si on rajoute les personnes se déclarant religieuses, mais n’allant jamais à l’office, la proportion « non pratiquante » de la population française monte à 64 %, presque deux personnes sur trois ! En revanche, on compte toujours autant de pratiquants réguliers de leur religion qu’il y a vingt ans en France. D’ailleurs, si plus de la moitié des Français déclarent ne jamais prier, la part de ceux qui prient chaque jour augmente légèrement en vingt ans, de 12 à 14 % de la population.

En quarante ans, la France passe donc d’un pays catholique, avec quelques minorités religieuses et un petit quart d’individus qui ne sont pas affiliés à un culte particulier, à un pays largement sécularisé. Cette sécularisation ne doit cependant pas masquer de hauts niveaux de religiosité chez ceux qui pratiquent leur religion. Par ailleurs, on compte quelques groupes religieux en augmentation : les musulmans surtout, et dans une moindre mesure les protestants évangéliques.

Source : Le Point

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