Plus de 80 tombes du cimetière juif de la ville de Randers (dans nord de la péninsule danoise du Jutland) ont été profanées samedi 9 novembre. Mais ce n’est pas un cas isolé. Un peu partout au Danemark, en Suède, en Norvège et en Finlande, des étoiles jaunes ont été peintes ou collées sur les murs et les boîtes postales de médias, de synagogues et de plusieurs maisons.
Ces profanations ont toutes eu lieu le 9 novembre au soir, quatre-vingt-un ans jour pour jour après la Nuit de cristal, durant laquelle 91 Juifs ont été tués et 26 000 emprisonnés, et presque 7 500 magasins et 200 synagogues environ ont été brûlés ou détruits en Allemagne nazie.
Un groupe néonazi à la manœuvre
La police ne sait pas encore avec précision qui se cache derrière les actions de ce week-end. Cependant, un indice a été retrouvé sur un bâtiment tagué, près de Copenhague. Le mot “Nordfront.dk” était inscrit à côté d’une étoile jaune. Il s’agit de l’adresse web de la branche danoise du Mouvement de résistance nordique (Nordic Resistance), qui se définit lui-même comme une “organisation de lutte, révolutionnaire et national-socialiste”.
Selon l’expert en terrorisme suédois Magnus Ranstorp, l’organisation n’a pas beaucoup de membres au Danemark mais est plutôt active en Suède. Il explique au journal danois Information :
« Ils veulent interdire la liberté d’expression. C’est une organisation néonazie […] que le Danemark doit prendre très au sérieux.”
Une action coordonnée
Dans son éditorial du mardi 12 novembre, le quotidien danois Politiken estime que, s’il ne s’agissait que de tombes dans un cimetière, on pourrait n’y prêter qu’une attention relative. En revanche, il souligne aussi que l’événement en question est probablement une action antisémite coordonnée. Avant d’ajouter : “Cela fait partie d’une tendance plus large. L’antisémitisme se propage partout en Europe.”
En 2018, au Danemark, 45 cas d’antisémitisme ont été enregistrés, contre 30 l’année précédente. En France, l’augmentation est aussi palpable : plus 74 % par rapport à l’année dernière. Enfin, selon une étude réalisée en 2018 dans les pays de l’Union européenne, 90 % des Juifs ont le sentiment que l’antisémitisme se renforce. Et Politiken de juger :
Nous avons tendance à renvoyer la haine irrationnelle que nous avons envers les autres en exil, dans les livres d’histoire. Comme quelque chose que nous avons dépassé. Cette attaque antisémite montre que ce n’est pas le cas.”
Source : Courrier international
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